Comment survivre au blues de l’été à Barcelone : guide pratique

ete à barcelone

Chaque année à Barcelone, c’est la même histoire : on attend fébrilement l’été… Pour finalement être déçu quand il s’installe. Et, cette fois encore, le temps des beaux jours vous en fait vivre de bien mauvais.

Pour le primo-arrivant, rester à Barcelone semble être le B.A.-BA. Pourquoi vivre au bord de la mer si ce n’est pas pour en profiter ? Mais pour les autres, l’été rime souvent avec insolation et isolement.

A l’estiu tota cuca viu

Enfin, c’était sans compter sur l’armée de cafards qui a pris d’assaut la ville. Car ce proverbe catalan est aussi une menace à peine voilée.

La mairie a confirmé nos plus affreux soupçons, la population de blattes a explosé. +30% cette année, selon des sources officielles qui mériteraient une prime de risque. On les croise partout : à la plage, dans les ascenseurs, au supermarché, et, horreur absolue, jusque dans nos intérieurs. La salle de bain ? Transformée en salle d’attente. La cuisine ? Un véritable dancefloor.

Conseil de cohabitation : fixez des règles de base. On n’est pas dans Oggy et les Cafards.
Pas de douche après minuit, chacun sa brosse à dents, et on ne ramène pas ses potes.

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Les copains d’abord

Terrifié par l’incivilité de ces créatures effrontées, vous dégainez votre téléphone. L’amitié n’est-elle pas le plus beau des refuges ? Mais là encore, une déconvenue vous attend.

Vos potes catalans ? Disparus dans un hameau entre Vic et l’âge de pierre, là où même la 3G n’ose s’aventurer, et probablement en train de se baigner dans une rivière avec leur cousine, son beau-frère et un chien dénommé Cendra.

Vos potes espagnols ? En « télétravail » jusqu’à fin août quelque part entre Vigo et Valence.

Les copains d’ailleurs ? Rentrés au pays, d’où ils inondent les groupes WhatsApp de photos de leur best life.

Ceux qui restent errent dans les quartiers périphériques comme les figurants hagards d’une cité fantôme, au calme seulement troublé par des sacs plastiques soulevés par une brise inexistante. Leur emploi du temps est un cycle sacré : sieste – douche froide – pas maintenant – peut-être plus tard. Ils ne sont jamais disponibles avant 22h30, voire 1h du matin s’il y a du sirocco, répondent par d’évasifs bientôt, avant de disparaître dans la pénombre, derrière des persiennes à peine entrouvertes.

Conseil d’adaptation : Inutile de trépigner comme un Français enragé. Changez de rythme et mettez-vous à l’heure espagnole. Un bain de minuit est plus approprié que de cuire en début d’après-midi.

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Été, commerces fermés, les rideaux baissés

Les commerçants, ont, eux aussi, transhumé vers des contrées plus clémentes.

Votre boulangerie préférée ? Fermée jusqu’au 4 septembre.
Le kiosque à journaux ? Pareil.
Le caviste de vin biodynamique ? En retraite spirituelle dans le Priorat.

Planté devant la quincaillerie – miraculeusement ouverte sauf pendant l’heure de la sieste – vous attendez que les minutes s’égrènent jusqu’à 17h et repartez bredouille : « encore un qui a pris son aprèm à la plage ».

Une étude non publiée estime que 93% des commerces que vous aimez ferment pile au moment où vous avez besoin d’eux. Dans ce laboratoire d’un capitalisme paresseux où le prix de la bouteille d’eau fraîche s’envole en fonction des degrés Celcius, les seuls survivants de cette hécatombe sociale sont :
– les supermarchés à 34°C qui sentent la charcuterie tiède,
– les boutiques de souvenirs ouvertes 24h/24,
– la mafia des granizados douteux.

Conseil pour l’an prochain : Préparez votre kit de survie (recommandé par le gouvernement espagnol) : éventail, glacière, briquet qui fait ouvre-bière, et la liste des dates des vacances de ses commerçants préférés.

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Quand revient la nuit

Reclus dans le noir, vous pensez enfin trouver un peu de paix. Grossière erreur. Les nuits d’été sont peuplées de cauchemars. Moustiques assoiffés de sang et autres créatures ailées non-identifiées, camion-poubelle aux grincements sinistres, hurlements nocturnes, et scooters sans pot d’échappement lancés dans des rodéos sous stéroïdes ; deviennent les protagonistes de vos insomnies.

Fidèles à leur poste, les yayos (ou personnes âgées) postés sur des chaises en plastique commentent la scène, imperturbables gardiens du barrio.

Conseil sommeil : Habituez-vous à la douce mélodie de votre ventilateur, votre seul compagnon de galère qui chasse les insectes, l’air chaud et les idées noires.

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