La Boqueria dit stop aux touristes : nouvelles règles pour le marché mythique de Barcelone

Boqueria

Accusé de trahison envers ses commerçants historiques et d’abandon aux flux touristiques, le marché de la Boqueria tente un virage à 180 degrés.

Photo : mairie de Barcelone

Fruits coupés, empanadas, bonbons… Autrefois épicentre de la gastronomie locale barcelonaise, le marché de la Boqueria n’est plus que l’ombre de lui-même. Une ombre multilingue, dépensière et fourmillante, certes, mais ombre quand même. En effet, de moins en moins de locaux s’y pressent et le bâtiment au toit de tôle est davantage un parc à thème gastronomique qu’une vraie halle culinaire.

Finies, les boutiques de vente de produits en direct et bienvenue aux stands préparant de la nourriture à emporter, permettant aux goulus vacanciers de satisfaire leurs papilles tout en continuant l’exploration du marché, au détriment des clients de toujours qui ne retrouvent plus ni leurs habitudes ni leur chemin dans ce labyrinthe hyper touristique.

Une situation critique, dont la mairie a décidé de s’occuper. Alors que le marché est en pleine reconstruction, la municipalité ne se contente pas d’un simple lifting architectural mais compte aussi avancer un chantier interne pour relancer le marché aux 23 millions de visiteurs (en 2023).

Sous couvert de redistribution des 180 étals, elle impose de nouvelles règles censées faire revenir les Barcelonais : au moins 40 % de produits frais par stand, fin des produits préparés sans lien avec l’activité principale, inspections renforcées, et même une « désaturation » de certaines zones. En clair, on va vers une suppression pure et simple des points de vente les plus touristiques.

La survie du Barcelonais

Derrière ce chamboulement d’une valeur de 12 millions d’euros se joue la sauvegarde d’un des lieux les plus emblématiques de Barcelone, dans un contexte urbanistique et social où les touristes sont de  moins en moins les bienvenus.

On y voit aussi une bataille générationnelle, puisque les rares familles d’anciens commerçants encore en place parlent de fermeture à venir face au refus de leurs enfants de reprendre le commerce. D’autres, déjà reconvertis en vendeurs de snacks tropicaux, voient leur survie menacée par cette refonte. L’équation est bancale et son issue, prévue en 2027, incertaine : il faudra satisfaire les voisins sans renoncer aux bénéfices du tourisme.

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