Ils sont jeunes, Français, souvent en quête d’aventure et de soleil. L’été venu, ils débarquent à Barcelone pour vendre des soirées, sur la plage ou sur Instagram. Mais derrière l’image d’une vie de rêve, la réalité du métier de promoteur s’avère plus calculée qu’elle n’en a l’air.
Photo : Tom
« Putain, attends c’est le rappeur qui passe dans ma boîte ce soir. Faut que je fasse une photo avec lui pour ma pub c’est bien ça ! » Deux minutes après avoir rencontré Tom, promoteur pour B4F, une entreprise française de soirées à Barcelone, nous voilà déjà plongés dans le bain. Finalement, Tom n’aura pas sa photo avec le rappeur, mais tant pis, il aura essayé. En une seconde, ce Rochelais de 21 ans a montré tout ce qu’il faut pour faire ce job : spontanéité, capital sympathie, et surtout un vrai flair commercial.
Comme lui, ils seraient environ 300 à arpenter la plage de la Barceloneta, employés par des entreprises comme SummerRockz, la plus grosse du secteur. Tous ont moins de 30 ans et une mission : vendre un maximum de billets pour la soirée du jour. Ce soir-là, B4F collabore avec la boîte Twenties, située dans l’Eixample. Objectif fixé par Tom, désormais manager après un été concluant l’année passée : 200 ventes. Il demande à chacun de ses vendeurs d’en écouler une dizaine. Le tarif d’entrée est d’environ 15 euros, ce qui reste moins cher que le prix normal, et surtout, l’assurance de faire la fête “en famille”, avec le groupe de promoteurs.
Mais faire la fête ne veut pas dire perdre le nord, raconte Tom, sportif de haut niveau durant le reste de l’année : « Mon quotidien, c’est me lever à 12h, puis réunion avec mes équipes, ensuite prospection et puis boîte de nuit. Pour moi c’est comme ça que ça marche. Les gens me font confiance et reviennent parce que je suis présent, mais sans excès, sinon je ne peux pas assurer mes ventes le lendemain. »
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Pour ce rythme de vie, il touche entre 1500 et 2000 euros par mois, vite dépensés. Alors, à quoi bon s’embêter à passer ses journées à démarcher les gens si c’est pour un salaire qui fond comme neige au soleil ? « En vrai c’est un peu des vacances gratuites. Tu vas en boite gratuitement, tu rencontres des gens, t’apprends des langues et puis à la fin de l’été t’as plus peur de rien. » A-t-il eu peur d’aborder des inconnus, lui, au début ? Le boxeur nous dit que non. Passé par un BTS commerce et spécialisé dans la vente de voiture, il a clairement le business dans le sang. Alors que nous parlons, il dit bonjour à deux, trois, quatre jeunes qui le reconnaissent, collègues promoteurs ou clients déjà démarchés.
Le facteur réseaux sociaux
À la Barceloneta, tout œil averti repère vite la hiérarchie implicite des plages touristiques. « Bogatell, par exemple, c’est mort. Pas assez de touristes. Ceux qui veulent sortir traînent ici. » Selon Tom, les clients ont entre 20 et 35 ans, de toutes nationalités. Pour les aborder, il faut créer un besoin, explique-t-il : « Salut les gars, vous êtes Français ? Souvent ils disent oui. Là je demande s’ils font la fête. Et s’ils me disent non, je leur réponds : ‘Ah bah c’est dommage, vous êtes à Barcelone et vous sortez pas ? J’ai des super plans pour ce soir !’ » Un pitch bien rodé et efficace, à condition d’être extraverti.
Une qualité indispensable, doublée d’une présence sur les réseaux, qui est assez nouvelle dans le métier. Tom a 2000 abonnés, et sa bio reflète sa motivation : « King of events Barcelona ». « Tu n’es pas obligé d’être une star, mais tu ne peux pas ne pas y être. Tu dois sortir, te montrer, donner envie. C’est ça le métier. »
Voir cette publication sur Instagram
Alors il alimente ses stories, filme ses soirées, capte l’attention. Sur Instagram et TikTok, les vidéos de cette vie de fête à Barcelone s’enchaînent et en ligne comme sur le sable, l’objectif est le même : faire envie. Car pour être promoteur à Barcelone, il ne suffit pas d’être sympa, il faut savoir vendre, et surtout se vendre.
