C’est un cuisant échec pour le ministère espagnol du Travail qui portait ce projet depuis des mois : la loi de la réduction du temps de travail est gelée faute de majorité parlementaire.
Un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle. C’était l’objectif du gouvernement avec son projet de loi visant à réduire la durée maximale légale du travail de 40 à 37,5 heures par semaine en moyenne annuelle, sans perte de salaire. La ministre du Travail Yolanda Díaz, figure de l’aile gauche du gouvernement, avait réussi à déposer son texte sur la table du Conseil des ministres en février dernier. Las, la même Yolanda Díaz vient d’annoncer, ce mardi, le gel de sa loi, en raison d’une absence de majorité parlementaire pour voter la réforme.
La coalition socialiste-gauche radicale n’a pas su trouver les soutiens nécessaires. L’initiative a séduit la gauche catalane et les régionalistes basques, mais le gouvernement s’est fait barrer la route par les sept députés indépendantistes de Junts, le parti de Carles Puigdemont. Les syndicats barcelonais, les PME et les travailleurs indépendants catalans étaient vent debout contre cette réforme.
Intérêts catalans et affaires judiciaires
Qui est Carles Puigdemont ? Ancien président de la Generalitat de Catalogne et figure emblématique du mouvement indépendantiste catalan, il siège aujourd’hui comme député européen. À travers ses parlementaires à Madrid, il a bloqué la réforme, estimant que son coût financier pèserait trop lourdement sur les entreprises catalanes, et déplorant le manque de concertation avec les syndicats, et les petites et moyennes entreprises. Selon lui, l’alourdissement des démarches administratives nuirait surtout aux PME et aux travailleurs indépendants de la région.
« Les affaires de corruption des socialistes ne nous ont pas aidés » grince de son côté la gauche radicale, au 63 du Paseo de la Castellana, siège du ministère du Travail à Madrid. En effet, depuis un mois, le PS espagnol est secoué par une affaire judiciaire qui a conduit le bras droit du Premier ministre Pedro Sanchez en prison. « Présenter la loi de la réduction de la journée de travail et assumer publiquement une défaite aurait donné du grain à moudre à la droite qui veut faire tomber le gouvernement, se désolent les têtes pensantes de Sumar, le parti de gauche radicale qui dirige le pays en coalition depuis 2018.
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