Barcelone respire un peu mieux, mais l’air reste chargé. Grâce aux pluies abondantes du premier semestre 2025, la ville affiche ses meilleurs niveaux de pollution depuis le début du siècle. Un record historique… qui n’atteint pourtant toujours pas les objectifs européens pour 2030, ni ceux de l’OMS.
Photo : mairie de Barcelone
Enfin un peu d’espoir dans un monde qui se réchauffe toujours trop. Selon le dernier rapport de l’Agence de santé publique de Barcelone (ASPB), le dioxyde d’azote (NO₂) dans la ville continue de baisser, en dessous des 40 microgrammes par mètre cube dans les zones les plus denses en trafic.
La moyenne annuelle tombe à 22,5 µg/m³, loin des pics enregistrés il y a dix ans, mais elle est encore trop loin des seuils de 20 fixés par Bruxelles, et des 10 prônés par l’Organisation mondiale de la santé.
La mairie, elle, salue le progrès. La première adjointe, Laia Bonet, met en avant les investissements dans les transports publics, les pistes cyclables et les Zones à faibles émissions (ZBE). Elle souligne aussi un renouvellement du parc automobile : les véhicules avec vignette ECO augmentent de 3 points, pendant que ceux classés B reculent de deux points. Mais au-delà des annonces, les chiffres restent préoccupants.
Car la pollution tue encore à Barcelone. L’ASPB estime à 1 300 le nombre de morts prématurées chaque année liées à la mauvaise qualité de l’air. S’y ajoutent 800 cas d’asthme infantile et 120 nouveaux diagnostics de cancer du poumon, rien que pour 2024. Des données qui pourraient baisser de 38 % si la ville atteignait les normes européennes prévues pour 2030.
Autre constat alarmant : si le dioxyde d’azote diminue, les particules fines, elles, ne bougent plus depuis 2013. L’année dernière, les habitants ont respiré en moyenne entre 14 µg/m³ et 25 µg/m³ de ce type de particules, ce qui représente deux à trois fois plus que les seuils recommandés.
L’Eixample comme centre névralgique de la pollution
L’Eixample concentre toujours le pire (30 µg/m³ de NO₂, avec un pic à 40 en février), Gràcia suit avec 28. Seules trois stations passent sous la barre européenne : Palau Reial (16), Sants (18) et Vall d’Hebron (20). Tout le reste de la ville est encore dans le rouge.
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Les sources de pollution sont connues : circulation routière, chantiers, activité portuaire. La mairie le reconnaît, mais peine à agir à la mesure de ce qui est attendu par les autorités européennes et mondiales. Officiellement, le Plan Climat (un investissement d’1,8 milliard d’euros) doit rendre la ville « plus verte et plus respirable ». Concrètement, les mesures se heurtent encore à des résistances et un manque de coordination métropolitaine.
Le rapport de l’ASPB insiste sur le fait que la réduction de la circulation est le levier le plus efficace pour la qualité de l’air, le bruit, et l’occupation de l’espace urbain.