lundi 1 décembre 2025

Peste porcine en Espagne : 9 milliards d’euros d’exportations en danger

La détection de cas de peste porcine africaine dans la région de Barcelone soulève de vives inquiétudes pour le secteur porcin espagnol, l’un des piliers de ses exportations agroalimentaires.

Les autorités sanitaires ont confirmé la présence du virus chez plusieurs sangliers découverts morts dans le parc naturel de Collserola, au nord de Barcelone. Un périmètre de sécurité de 20 kilomètres a été mis en place autour de la zone, qui abrite une quarantaine d’élevages. Le ministère de l’Agriculture a précisé que seuls deux cas ont été pour l’instant validés par le laboratoire central vétérinaire, les autres étant encore en cours d’analyse.

La peste porcine africaine, classée en catégorie A par l’Union européenne, impose une notification immédiate à toute détection de signes cliniques (fièvre, diarrhée, rougeurs, mort subite) ou de cadavres en milieu sauvage. En raison de sa forte contagiosité et de sa propagation rapide, des restrictions strictes sont appliquées pour au moins douze mois. Le ministère de l’Agriculture et le gouvernement catalan enquêtent sur l’origine des foyers. Une hypothèse envisagée : un contact des sangliers avec des déchets infectés. Le scénario d’une propagation depuis la France est écarté, car aucun animal mort n’a été retrouvé près de la frontière. Dans la zone concernée, les sangliers sont connus pour fouiller les poubelles, ce qui pourrait être la source du virus.

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Cette situation menace l’ensemble des exportations du pays, qui ont atteint 8,78 milliards d’euros en 2024. L’Espagne recense actuellement plus de 80 000 opérations d’exportation de viande porcine, ce qui en fait le premier fournisseur européen. En conférence de presse, le ministre de l’Agriculture et de la Pêche, Luis Planas, a reconnu que « un tiers des exportations du secteur, au moins, étaient suspendues » à la suite de la détection de six cas dans la région barcelonaise. Il a également tenu à envoyer un message de « tranquillité, prudence et responsabilité » au grand public, insistant sur le fait que la maladie, éradiquée en Espagne depuis plus de trente ans, ne présente aucun risque pour l’être humain.

Un impact considérable sur le secteur

L’impact économique, en revanche, s’annonce sévère. L’apparition d’un foyer, même limité, entraîne un blocage automatique d’une partie des exportations vers de nombreux pays tiers. Le Japon et le Mexique ont déjà suspendu les importations de porc espagnol, tandis que la Chine, premier client du pays (1 milliard d’euros en 2024), se montre ouverte à la régionalisation : les zones non affectées, hors Catalogne, pourraient continuer à exporter.

cuisine espagnole

La Catalogne représente 23 % de la production nationale, juste derrière l’Aragon (29 %). Ensemble, elles concentrent plus de la moitié du volume porcin espagnol, ce qui accentue les risques en cas d’extension du foyer. À Barcelone uniquement, l’an dernier, le porc a représenté près d’un cinquième des exportations alimentaires.

Le gouvernement travaille à atténuer les conséquences économiques pour les éleveurs, déjà confrontés à des coûts liés aux mesures de biosécurité, à l’abattage préventif et à la désinfection. Un plan d’indemnisation est en préparation pour soutenir la filière. Face à l’urgence, les autorités appellent les professionnels à la plus grande vigilance. Des discussions avec les représentants du secteur sont prévues ce lundi.

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