La pêche à Barcelone, noyée sous les normes européennes

medecin français à Barcelone

Déjà étouffé par les dernières normes européennes réduisant leur temps passé en mer, une nouvelle proposition vise à limiter les quantités de poisson ramenées. Pour le secteur, « cela signifierait la mort de la pêche » à Barcelone.

Sur le port de Barcelone, les pêcheurs font grise mine. Il y a bien sûr l’arrivée de l’automne et les températures qui refroidissent, rendant leur tâche plus difficile. Mais on lit aussi un grand découragement.

Une proposition européenne souhaite réduire encore leurs captures de poisson, passant d’un maximum de 25 000 kilos de sardine par semaine à… 1500 kilos, soit une réduction de plus de 90 %. « Cela signifierait la mort de la pêche locale », se désole José Manuel Juárez, président de la Confrérie des pêcheurs de Barcelone.

Des normes européennes qui « tuent » la pêche à Barcelone

Comme partout dans l’Union européenne, les quelque 200 pêcheurs de Barcelone sont soumis aux normes européennes en matière de pêche. L’objectif de celles-ci : « assurer une exploitation durable, sur le plan environnemental, des ressources biologiques marines et la viabilité à long terme du secteur », selon le Parlement européen. Seulement voilà, au port de Barcelone, on les considère comme intenables.

Photo : Confraria de Pescadors de Barcelona Facebook

Depuis 2020, un plan de gestion de la Méditerranée limite déjà le nombre de jours où les pêcheurs peuvent sortir en mer. La pêche au chalut (filet traîné par un chalutier) est a été réduite de 218 jours à 190 jours par an, « et cela diminue encore chaque année », insiste le représentant du secteur de la pêche à Barcelone. « De plus, ici en Espagne, on ne peut pêcher que 12 heures par jour, c’est moins qu’en Italie ou en France. »

Ces chiffres, le Parlement européen les décide sur base d’évaluations scientifiques (Conseil international pour l’exploration de la mer et Comité scientifique, technique et économique de la pêche). Mais pour la Confrérie des pêcheurs de Barcelone, ils sont incompréhensibles. « Quand on a appris la proposition, on pensait que c’était une erreur. On ne nous a pas du tout consultés, alors que pour nous, ça serait aller pêcher pour ne rien gagner ! »

Photo : Confraria de Pescadors de Barcelona Facebook

Ce nouveau plan est pour l’instant bloqué, suite à l’action de groupes de pêcheurs des régions espagnoles méditerranéennes. Mais il n’est pas totalement exclu par l’Union européenne, qui visait une application en 2022.

Pêcheur, un métier en voie de disparition

Ces normes normes permettent aux flottes de pêche restantes d’être plus rentables, pour l’UE. Mais José Manuel Juárez s’alarme du sort des petites entreprises de pêche de Barcelone, qui pourraient bien être écrasées par les lobbies.

Photo : Confraria de Pescadors de Barcelona Facebook

« Il ne faut pas oublier que les pêcheurs n’ont pas de salaire fixe, ils sont rémunérés en fonction de ce qu’ils ramènent ! » Pour un pêcheur travaillant sur un ‘bon’ bateau, selon le président de la Confrérie, les revenus annuels tournent autour de 10 000 euros. C’est moins qu’un salaire minimum en Espagne.

La pêche à Barcelone, « premier acteur » pour protéger la biodiversité

Si ces normes européennes visent à la protection de l’environnement, la Confrérie n’y croit pas une seule seconde. « On a tous l’impression que l’UE veut mettre fin à la pêche locale et encourager les lobbies, pas protéger la mer. Nous, les pêcheurs, en sommes les premiers acteurs ! », s’exclame José Manuel Juárez .

« Cela fait plus de vingt ans que l’on collecte des déchets dans nos filets, mais personne ne nous écoutait jusqu’à présent. Le problème, ce n’est pas la pêche, c’est surtout la pollution, le réchauffement climatique ou encore le manque de sédiments ».

Photo : HEMAV Ajuntament

La Confrérie des pêcheurs de Barcelone demande à ce qu’une table ronde soit établie pour trouver un nouveau plan qui protège à la fois la biodiversité de la Méditerranée et les droits des pêcheurs espagnols.

À Barcelone, ce sont 205 pêcheurs qui vivent entièrement de cette activité, et dont les revenus annuels sont conditionnés par les quantités de poisson et fruits de mer rapportés chaque jour.

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