Souvent désavantagées, parfois discriminées et toujours très peu aidées, les mamans qui élèvent seules leurs enfants restent encore invisibilisée. Pourtant, leur quotidien est un véritable parcours du combattant.
A 2500 euros nets par mois dans le marketing, Laure* galère à trouver un nouvel appartement à Barcelone et même plus loin, à Sabadell, Terrassa ou Rubi. « Ils te demandent d’avoir un salaire trois fois plus élevé que le loyer, et je cherche pour moi et mes deux enfants, donc il n’y a rien à moins de 1500 euros, même jusqu’à Rubi ou Terrassa ». Mère en garde partagée avec deux fils de 4 et 7 ans, la dynamique quarantenaire a beau bien gagner sa vie, ce n’est pas suffisant. « Quand ils comprennent que tu es une maman solo, ils s’inquiètent que tu n’aies qu’un seul salaire, ça leur fait peur et souvent ils ne veulent pas te louer, certains te le disent directement, on est clairement discriminées ».
Laure enchaîne les visites d’appartements, comme l’année dernière, elle a enchaîné les entretiens d’embauche. « J’ai été licenciée car mes enfants étaient trop souvent malades et j’ai mis un an à trouver un emploi qui me permettait d’avoir un salaire suffisant pour m’en sortir mais qui apportait aussi de la flexibilité pour pouvoir m’occuper de mes fils ». Car quand on est expatriée et maman seule, c’est la double peine. Ni mari, ni parents, ni famille proche pour donner un coup de main avec la garde des enfants. « On galère, et personnne n’en parle jamais, c’est comme si on n’existait pas ».
Pas de place en logements sociaux, pas d’aides financières de l’Etat et une pension alimentaire du père qui arrive une fois sur deux, Elise, 34 ans, ne sait plus à quelle porte frapper. Avec 1800 euros nets par mois et un enfant à charge, elle peine à joindre les deux bouts. « Tout le monde me dit de revenir en France, mais ce n’est pas possible car le papa est ici, explique-t-elle, donc je ne veux pas séparer mon fils de son père et de toute façon, légalement, je n’ai pas le droit de quitter le territoire avec mon fils sans son autorisation ».
L’entraide comme solution
Pour l’instant, Elise tient le coup car son loyer n’est pas trop cher. Elle finit le mois avec quelques euros et compte sur le soutien financier ponctuel de ses parents. Laure, elle, raconte avoir eu peur que son fils attrape des poux à l’école, car elle n’avait plus assez sur son compte pour payer le shampoing spécial. Mais s’estime chanceuse avec le salaire qu’elle touche, bien supérieur à celui de nombreuses autres mamans seules. « Beaucoup n’y arrivent pas, et finissent par arrêter de payer leur loyer », confie-t-elle, consciente que la première étape de la précarité est alors atteinte.
Les mamans seules ou en garde partagée commence toutefois à s’organiser. Et ce week-end se lance Mommune.es. Le concept permet de réunir de petites communautés de mamans, réunies selon leurs affinités, qui peuvent partager un logement, mais aussi s’entraider sur tous les aspects du quotidien : aller chercher les enfants à l’école, les garder pendant une visio-conférence, échanger sur des problématiques communes. Car l’union fait la force. Même pour les combattantes invisibles.
*les prénoms ont été changés pour respecter l’anonymat des personnes interrogées