Près du delta de l’Ebre, en Catalogne, le souvenir d’un séisme remonte à la surface alors que des travaux liés à la catastrophe sont sur le point de commencer.
Photo de couverture : Xavi Jurio – La Vanguardia
Dix ans après la crise sismique provoquée par l’injection de gaz dans le sous-sol marin, le projet Castor – du nom de cette ancienne plateforme offshore de stockage de gaz – revient sur le devant de la scène. Situé entre Sant Carles de la Ràpita (Catalogne) et Vinaròs (Communauté valencienne), cet ancien gisement pétrolier va entamer sa phase de démantèlement. Et avec lui, les inquiétudes ressurgissent.
Entre septembre et octobre 2013, plus de 600 petits tremblements de terre, dont un de magnitude 4,2, avaient secoué la région. En cause : l’injection de gaz à haute pression dans le gisement Castor, à 21 kilomètres de la côte. Le résultat d’un projet titanesque – autant financièrement qu’humainement – impulsé par le gouvernement espagnol. Et le fiasco avait été tel que le projet avait été suspendu par l’État. Depuis, le site est resté à l’arrêt.
De nouvelles inquiétudes
En avril 2025, les opérations de scellement définitif des 13 puits doivent débuter. Elles consistent à injecter du ciment pour isoler durablement le gisement. Mais ce chantier, bien que validé par une déclaration d’impact environnemental, alimente les craintes locales : risque de sismicité induite, fuites éventuelles d’hydrocarbures et absence de calendrier clair pour le retrait de la plateforme en mer.
Un protocole de sécurité a été établi : réseau de sismographes, système d’alerte par seuils, procédures de suspension des travaux en cas de séisme. À partir de 2,5 degrés de magnitude, ou d’une série d’événements plus faibles, des mesures sont prévues pour informer la population et adapter les opérations.
Mais ce n’est pas suffisant pour les autorités locales et les collectifs citoyens, qui dénoncent un manque de transparence et réclament de nouvelles études sur les failles actives dans la zone. De son côté, le ministère de la Transition écologique s’appuie sur un rapport post-crise du MIT et de Harvard pour justifier l’absence de nouvelles analyses.
Pour les habitants d’Alcanar et des communes riveraines, le souvenir de 2013 reste vif. Le Castor, devenu symbole d’un projet mal conçu, continue de faire trembler les esprits. Le chantier de fermeture s’annonce délicat, dans un contexte de méfiance toujours très présent sur ce littoral fragile.