Ce n’est un secret pour personne : Barcelone est une ville de passage. Les expats y restent un an ou deux puis repartent d’où ils viennent. Mais à quoi tient cette réputation ? Témoignages.
Photos : mairie de Barcelone
« J’en suis à mon troisième ou quatrième groupe d’amis », nous raconte, dépitée, Blanche. Cette Française qui vit à Barcelone depuis presque 5 ans en a vu passer, des compatriotes. Et puis, inlassablement, repartir. Ce n’est pas nouveau, Barcelone est une ville de passage et ce statut a un prix pour ceux qui partent mais aussi pour ceux qui restent.
Claire (le prénom a été modifié), justement, s’en va bientôt. Après 2 ans dans la cité comtale, elle part « un peu à contre-coeur » car elle n’arrive pas à demander l’équivalence de sa licence française pour un master. Cependant, elle est d’accord sur le terme de « ville de passage », et l’explique par plusieurs facteurs.
D’abord, l’amitié. « Difficile de se faire un cercle d’amis », raconte-t-elle, ce que Blanche, recruteuse dans la tech, confirme : « par rapport à d’autres villes en Espagne tu t’intègres moins. Les Catalans ne sont pas super accueillants donc tu restes beaucoup entre Français et finalement c’est “juste” une première expérience à l’international ».
Et cette problématique des amis est amplifiée avec l’omniprésence des Erasmus – Barcelone est une de leurs destinations préférées – qui par définition, ne restent dans la ville que 6 mois ou 1 an : difficile de construire une relation pérenne avec eux.
Faute de vrais amis, les expats retournent d’où ils viennent, auprès de leurs proches, là où c’est « plus simple ». Cet argument de la simplicité a d’ailleurs été beaucoup évoqué chez nos témoins.
En effet, vivre dans un autre pays et dans une autre langue n’est pas la chose la plus facile qui soit : tous les jours, les expats parlent une langue qui n’est pas la leur et vivent dans des coutumes différentes que celles avec lesquelles ils ont grandi. « En France, tout est plus simple », résume, fataliste, la jeune fille de 25 ans.
Le problème travail
Autre raison : la taille. Barcelone est grande, certes, mais elle reste une ville de province. Elle en a la grandeur et la relative absence d’offre culturelle, si l’on compare avec Madrid. Si l’on compte les salles de cinéma, en 2022 Madrid en comptait 521 contre 424 dans la cité comtale. Un nombre qui reste important et suffisant à contenter la population, mais qui peut finir par ennuyer. La ville en elle-même est cinq fois plus petite que la capitale en termes de superficie, et ce n’est pas rien. « Au bout d’un moment, tu as fait le tour », explique encore Blanche.
La question de la taille joue aussi dans l’offre d’emplois. Pour Claire, « bonne chance pour trouver un travail qui te plaît et qui sois rémunérateur » : à Barcelone, la plupart des expats travaillent dans un call center ou d’autres structures peu plaisantes, dont le but est strictement alimentaire. Une sorte d’activité palliative qui permet de vivre ici décemment, profiter de la plage et de l’ambiance sans véritablement exercer un métier passionnant.Et si cette solution peut satisfaire pendant quelques temps, elle n’est pas (toujours) viable sur le long terme.
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Blanche évoque une autre raison : la fête, « qui finit par bouffer certaines personnes ». Et c’est vrai, résister à l’appel des bars et de la vie nocturne peut parfois être challengeant. Ceux d’entre nous qui n’ont pas cette force peuvent vouloir quitter la cité comtale pour fuir leurs démons.
Pour terminer, les filles expliquent que c’est aussi et tout simplement la distance géographique avec leurs familles qui pousse certains expats à rentrer. Ce n’est pas une spécificité de Barcelone mais une réalité inhérente à tous les pays étrangers. « C’est facile de se sentir loin de sa famille et de ses amis. On rate des moments de vie », explique Claire. Et contre ça, même Barcelone ne peut pas lutter.
