Alors que la France a longtemps été leader du bio en Europe, l’Espagne prend désormais la première place. Entre enjeux économiques et évolution des consommateurs, le bio s’affirme comme un nouvel espace de compétition entre pays européens.
Photo : Berenger Cyne
L’agriculture biologique n’a cessé de croître ces dernières années. Actuellement, l’Europe détient 19 % de la surface écologique mondiale, ce qui en fait le deuxième continent le plus certifié derrière l’Océanie. Malgré un pouvoir d’achat plus faible que ses voisins, la consommation du bio en Espagne a augmenté de 6,2 % en 2023 et continue de progresser aujourd’hui.
Dans le pays, 75 % de la surface biologique nationale est concentrée dans trois zones : la Catalogne, l’Andalousie et la Castille-la-Manche. À noter que la Catalogne est une des régions les plus consommatrices de produits bios avec 631 millions d’euros de ventes en 2023.
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Grâce à une meilleure distribution en grande surface, l’essor du commerce électronique et de ses systèmes de livraison à domicile qui en facilitent l’accès, les Espagnols achètent de plus en plus bio. Diego Granado, secrétaire général d’Ecovalia (l’association professionnelle de la production écologique espagnole) expliquait d’ailleurs au média Freshplaza : « Les consommateurs sont de plus en plus informés et se préoccupent de la santé, du bien-être et de la durabilité. »
La France perd de la vitesse
En première position pendant des années dans le bio grâce à ses cultures sans pesticides et à des coûts jugés raisonnables, la France est aujourd’hui en chute constante. Mais d’où vient cette baisse de consommation ? L’Hexagone a vu naître un contexte d’inflation et surtout des prix considérés trop élevés, entre 15 et 35 % plus chers qu’auparavant.
Résultat : les surfaces cultivées en bio reculent et de nombreux producteurs retournent vers le conventionnel. L’Agence Bio – l’agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique – prévoit, pour pallier cette dégringolade, de lancer des campagnes de publicité repositionnant les produits biologiques comme des options à la fois accessibles et indispensables dans la lutte contre le changement climatique.
Avec une stratégie de distribution efficace, une offre plus accessible et une sensibilisation réussie, l’Espagne a su transformer un marché stagnant en moteur de croissance. De son côté, freinée par une sévère inflation et un désintérêt des consommateurs, la France s’est faite devancée. Ce retournement de tendance marque un bouleversement plus large dans les habitudes alimentaires des Européens.
