La fusion des banques BBVA et Sabadell déclenche l’angoisse du tissu économique local. Décryptage.
Des risques graves pour la structure du marché bancaire, de l’économie catalane et l’économie espagnole en général. C’est un panorama apocalyptique qui accompagne le projet de fusion des banques BBVA et Sabadell. La première, une des plus grandes institutions bancaires en Europe, a lancé en 2024 une offre publique d’achat d’abord amicale envers la Sabadell. La BBVA justifie son action avec l’ambition de donner naissance à la deuxième plus grande banque d’Espagne pour pouvoir affronter les défis du secteur comme la numérisation, les taux d’intérêt et d’appréhender la concurrence des fintechs.
Face au refus du conseil d’administration de la Sabadell de se laisser engloutir, la BBVA est passée en mode OPA hostile, c’est-à-dire s’adressant directement aux actionnaires sans l’aval de sa direction. Une action qui soulève une levée de bouclier en Catalogne.
Les associations patronales et les chambres de commerces catalanes ont couché leurs angoisses sur le papier à destination du gouvernement espagnol. Le collectif estime que cette concentration bancaire va compliquer l’accès au crédit des entreprises en réduisant la concurrence. Surtout pour les actuels clients de la Sabadell qui sont principalement des PME.
Une concentration néfaste pour les consommateurs
Par ailleurs, la Catalogne craint de perdre l’un de ses fleurons local au profit d’une entité madrilène. En outre, les signataires de la lettre alertent que la conclusion de l’OPA affecterait également les intérêts du consommateur. “La réduction du nombre d’opérateurs bancaires aurait un impact direct sur les clients, en réduisant l’offre, en rendant les conditions plus restrictives et en augmentant les coûts des produits et services financiers”, insistent-ils. Il y aura forcément une diminution du nombre d’agences, avertissent les réfractaires de l’OPA. La BBVA, ne semble pas contredire ce point et se vante que la fusion permettra une économie de 850 millions d’euros annuellement grâce à la réduction des doublons (agences, services) et à l’optimisation des processus.
Le gouvernement espagnol, in fine, peut interdire la fusion des deux entités si elle nuit à l’intérêt général comme la destruction d’emploi ou la perte de concurrence. C’est exactement le but du courrier des opposants à cette OPA.
Pour le moment, le gouvernement a lancé une grande consultation publique à laquelle chaque citoyen peut voter pour ou contre cette fusion. Mais le Premier ministre socialiste, Pedro Sanchez, n’aura-t-il pas les mains tremblantes pour s’opposer à un mastodonte bancaire ?
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