Coup de frein pour les relations franco-espagnoles. Cette semaine, le Congrès des députés a rejeté le Traité d’amitié et de coopération entre l’Espagne et la France, signé en grande pompe à Barcelone en janvier 2023 par Pedro Sánchez et Emmanuel Macron.
Le Traité de Barcelone visait à renforcer la coordination politique entre les deux pays voisins, avec une série de mesures ambitieuses : participation croisée des ministres aux Conseils des ministres, développement conjoint des interconnexions énergétiques, de transport et de télécommunications, et feuille de route commune dans le cadre de l’Union européenne.
Mais l’initiative n’a pas survécu à l’épreuve du vote. Le PP (droite), Vox (extrême droite) et l’UPN (régionalistes de Navarre) ont voté contre, dénonçant une atteinte à la Constitution espagnole. Le Parti Populaire avait d’ailleurs saisi le Tribunal constitutionnel, pointant du doigt l’article permettant à des ministres étrangers de participer aux délibérations du gouvernement espagnol.
Outre les votes négatifs, les abstentions de Junts (indépendantistes catalans) et de Podemos (gauche radicale) ont été décisives. Du côté des Catalans, le rejet est d’ordre symbolique. Selon Junts, le sommet de Barcelone – cadre choisi pour la signature du traité – a été utilisé par le gouvernement comme un message politique visant à clore le cycle du processus indépendantiste. Une « provocation » qui, selon eux, justifiait leur refus de soutenir le texte. Podemos, quant à lui, refuse toute initiative qui renforcerait le cadre de l’OTAN, considérée comme une structure alignée sur les intérêts nord-américains.
Un projet suspendu, malgré la ratification française
Alors que la France a déjà ratifié le traité, ce rejet côté espagnol bloque tout déploiement. Pourtant, le texte entendait « consolider la relation bilatérale » avec un cadre juridique et politique à la hauteur des défis du XXIe siècle, selon les mots du Premier ministre Pedro Sánchez.
Composé de dix titres, le traité soulignait aussi les liens humains entre les deux nations, évoquant notamment la mémoire de l’exil républicain espagnol en France. « C’est dommage, c’était symbolique, ce texte était un marqueur pour le rapprochement entre les deux pays, mais ce qui compte c’est l’esprit du traité », déclare à Equinox le député des Français d’Espagne Stéphane Vojetta.
En coulisses, certains élus espagnols dénoncent une erreur stratégique du gouvernement : ni Pedro Sánchez ni la vice-présidente Yolanda Díaz n’étaient présents lors du vote. Un symbole de plus dans un dossier diplomatique désormais au point mort.