A la Barceloneta, plus de vendeurs que de sable et les touristes adorent

La plage centrale de Barcelone est autant détestée des barcelonais qu’elle est admirée et aimée des touristes internationaux. Reportage dans ce singulier univers du marché noir touristique.

Vidéo et image de couverture : Riane Hadou

Toutes les trois minutes, un vendeur vient proposer ses services ou produits dès que l’on entre dans la Barceloneta, selon une expérience qu’Equinox a mené sur ce territoire touristique. Pour une journée de plage classique, disons 4 heures, le vacancier sera donc sollicité 80 fois. Cependant, le lieu est fréquenté exclusivement par les touristes internationaux. Des visiteurs qui ne viennent pas pour faire la sieste, mais à la recherche d’un lieu vivant et animé. Entre touristes stimulés par l’alcool et le soleil, et l’omniprésence des vendeurs ambulants, le lieu ressemble plus à une fourmilière qu’à une plage classique.

Côté démarcheurs, le plus actif, pour ne pas dire symbolique, est le vendeur de mojitos. Chaque saison, la police municipale confisque près d’un demi-million de ces cocktails illégaux, revendus dans les 8 euros.

Qui dit interdiction entend absence de contrôle sanitaire. Pour faire de la prévention, la Guardia Urbana diffuse régulièrement des messages sur ses réseaux sociaux pour avertir du risque que prennent les consommateurs avec ce type de boissons. La police catalane et la Guardia Civil ont saisi des ingrédients servant à la fabrication de mojitos, cachés dans des poubelles ou sous des plaques d’égout. Tous ont été passés au peigne fin par le laboratoire de chimie de la Guardia Civil. Ce dernier confirme que les boissons contiennent des éléments dangereux pour la santé, telle que la bactérie intestinale « escherichia coli ». Elle provient de selles d’êtres humains, de vertébrés et d’eau naturelle non traitée et peut provoquer des diarrhées, gastro-entérites et autres problèmes digestifs voire des infections graves. 

Dans le trio gagnant des propositions des vendeurs arrivent les fameuses « cerveza beer amigo ». Des bières certes moins dangereuses que les mojitos, puisque qu’elles sont conditionnées en canettes. Cependant, pour éviter de se faire confisquer les produits, les vendeurs ont tendance à les cacher n’importe où, notamment dans des égouts ou sous les voitures stationnées.

Enfin, arrivent les masseuses proposant un moment détente, mais se pétrifiant quand elles voient au loin la police passer, et pour les étourdis arrivant les mains vides, les vendeurs de serviettes et leurs loueurs de parasols peuvent dépanner le plagiste pour respectivement 15 euros (négociables à 10) et 4 euros.

La misère sous le soleil de Barcelone

On pourrait facilement tirer la conclusion que les touristes en ont pour leur argent. Mais sous le soleil brûlant de la Barceloneta, et derrière les sportifs qui viennent s’éclater pour faire claquer le ballon ou s’exercer à la muscu, se cache une misère terrible. Souvent venus du Pakistan ou d’Asie, ces infortunés vivent entassés dans des taudis du Raval avec un simple matelas comme mobilier.

Pourchassés par les forces de l’ordre, ces sans-papiers perdent une petite fortune à chaque saisie policière. Le reste du butin partant généralement dans les mains d’une mafia exploitant les plus faibles.

 

Recommandé pour vous