La première canicule de l’année a surchauffé les appartements et les bureaux barcelonais, mais aussi les câbles de toute sorte, provoquant des pannes plus ou moins longues à travers la ville.
Photo : Clémentine Laurent
Barcelone a battu tous ses records de chaleur au cours des derniers jours. Lundi, il a fait 38 degrés dans la cité catalane, du jamais vu au mois de juin. Elisabeth, la trentaine, espérait trouver un peu de fraicheur ce soir-là en rentrant du travail. Direction Gràcia, où elle vit dans un appartement de la Plaça del Diamant avec sa mère. « Mais en arrivant, je m’aperçois qu’il n’y a plus de courant, ma mère me dit que ça a coupé vers 15h ». L’incident concerne tout le pâté de maison, voire un peu plus, mais les deux Barcelonaises ne s’inquiètent pas plus que ça et partent boire un verre chez une amie habitant un peu plus loin. « Ce n’est pas la première fois que ça arrive ».
Et en effet, à chaque vague de chaleur, ses coupures intempestives. De quelques minutes, quelques heures, et parfois quelques jours. En cause : un sol en surchauffe et un câblage inadapté. A 38 degrés dans l’air, le sol asphalté peut atteindre les 65-70 degrés. Les câbles vieillissants, inadaptés, et enterrés à quelques mètres sous la surface, ont du mal à tenir le choc.
Les quartiers les plus anciens de la ville sont bien souvent les premiers touchés. « On a dû réclamer, auprès de la mairie et d’Endesa [l’EDF espagnol NDLR], la rénovation des installations », raconte Martínez Vicente, porte-parole de l’association des riverains de la Barceloneta. « Les câbles avaient au moins 50 ou 70 ans ». Car les derniers grands travaux dans le domaine, du moins dans la vieille ville, remontent aux Jeux Olympiques de 1992, quand les nouveaux cordages à base d’aluminium, plus résistants à la chaleur, n’existaient pas et que les canicules n’étaient pas encore si fréquentes.
Canicule et climatisation : le cocktail explosif
Mais ce n’est pas tout. L’utilisation généralisée de la climatisation, encore plus intense en période de forte chaleur, aggrave le problème. « Certains appareils peuvent surcharger la ligne », déclare la cheffe de presse d’Endesa, ajoutant toutefois que le réseau est normalement adapté à la surconsommation. Mais plus le fil de cuivre transporte d’électricité, plus il risque de chauffer. Surtout si sa taille est petite. « Et si on ajoute la chaleur extérieure, le caoutchouc tout autour peut fondre et provoquer des coupures de courant », nous explique un électricien français.
Cette fois-ci, Elisabeth a eu de la chance : l’électricité est revenue dans son immeuble vers 21h le jour même. Sans causer donc trop de dégâts dans son frigo et son congélateur. « Ça m’a fait penser au black-out de la fin avril, quand c’est revenu, tout le quartier a hurlé de joie ! », raconte l’un de ses voisins.
Mais le réseau électrique n’est pas le seul à subir des coups de chaud. Olivier, la quarantaine, n’a plus Internet depuis dimanche midi. La connexion s’est interrompue « au plus fort de la canicule ». Pas de problème sur la ligne selon Movistar, c’est son routeur qui a visiblement surchauffé et ne se connecte plus. « Oui, la canicule peut provoquer des problèmes sur les appareils électroniques, notamment les routeurs ou les ordinateurs », confirme Julian Laboury, informaticien à SIM Barcelona.
Pour éviter les pannes, le professionnel conseille d’éviter l’exposition directe au soleil, même à travers une fenêtre, de laisser de l’espace autour des appareils pour qu’ils respirent, de surélever les équipements et d’éteindre tous les appareils inutiles afin de réduire la charge et la température ambiante. Pour le reste, il faut s’armer de patience et, à la Barcelonaise, aller prendre un verre en attendant que ça passe.
