Ils font rire, réfléchir ou simplement s’évader. Ce sont les livres qu’on a lus, aimés et qu’on vous recommande les yeux fermés. Voici cinq pépites littéraires à glisser dans votre valise cet été, testées et approuvées par la rédaction.
Mon vrai nom est Elisabeth – Adèle Yon (éditions du sous-sol)
Par Lucille Souron
Dans ce roman enquêté et autobiographique, la jeune autrice (31 ans), chercheuse et cuisinière à la ville, montre toute l’étendue de sa palette narrative, maniant avec brio les archives scientifiques, les témoignages directs et le sens du récit.
Tout commence alors qu’Adèle a 25 ans. Elle se demande, comme toutes les femmes de sa famille, si elle aussi aura ce fameux gène de la schizophrénie dont était porteuse sont arrière grand-mère Elisabeth, dite Betsy. De là, elle remonte le fil pour essayer de comprendre comment une jeune femme bien née des années 1940 a pu se retrouver en hôpital psychiatrique pendant 17 ans. Quelle part tient de la psychologie et quelle part est liée au contexte social et familial ?
Ce livre dévoile les parts sombres des familles bourgeoises, souvent murées dans le silence. On y parle d’une société profondément machiste, de la peur de la maladie mentale et de l’hérédité d’une certaine colère, qui n’est pas le propre de la famille d’Adèle mais bien de toutes les femmes.
Un livre absolument nécessaire et brillant.
Et si on rentrait au bled en train ? de Nassira El Moaddem (éditions Gallimard)
Par Aurélie Chamerois
Mi-récit, mi-guide pratique, le livre de la journaliste Nassira El Moaddem est le compagnon idéal de l’été, que l’on se rende au bled ou pas. Portée par la nostalgie des longs trajets de son enfance vers le Maroc, cette mère de famille entreprend le même chemin en train, conscience écologique oblige. Fini l’avion utilisé ces dernières années, retour au temps long, à la découverte et aux petits rituels du voyage annuel vers les contrées familiales.
Nassira El Moaddem nous embarque avec elle et sa petite famille dans ce périple audacieux. Elle fait étape dans la province française puis à Barcelone et en Andalousie, livrant chaque fois ses ressentis, ses reflexions mais aussi ses conseils pratiques pour une escale touristique en famille, c’est-à-dire pratique et pas chère.
L’ouvrage est ponctué de témoignages d’autres Français d’origine maghrébine, qui livrent avec tendresse leurs souvenirs d’enfance dans des voitures sans clim mais chargées à rabord. Un livre qui sent bon les vacances, à recommander à tous les amoureux de la Méditerrannée, aux adeptes des voyages en train et aux curieux en quête de dépaysement.
Bile en tête, Sébastien Bouillé (éditions Le Dilettante)
Par Nico Salvado
Téléopérateur chez « Goople » dans un centre d’appels de Barcelone, Arnaud Pfilmin enchaîne les scripts creux au cœur d’un open space peuplé de profils disparates. Comme tant d’expatriés, il occupe un emploi alimentaire. Mais Arnaud rêve d’échapper au vide du discours corporate et de la société de consommation : il se lance alors dans la photographie d’art. Il y croise Marie, une figure magnétique qu’il idéalise. Mais la réalité, une fois encore, déçoit.
Dans Bile en tête, son premier roman, le journaliste (français et installé à Barcelone) Sébastien Bouillé signe une chronique drôle, piquante, lucide et tendre. C’est à travers les contradictions de son antihéros que se dessinent les tensions d’une époque absurde. Le tout, sur fond de Barcelone multiple, des salons bourgeois aux communautés alternatives de Collserola.
Résister – Salomé Saqué (éditions Payot & Rivages)
Par Riane Hadou
Résister, ce n’est pas juste un mot. C’est un état d’esprit. Celui que Salomé Saqué transforme en manifeste dans ce livre fort, direct, qui est ancré dans les problèmes dans notre époque.
Elle y parle de précarité, de climat, de sexisme, de médias. Des sujets lourds, oui, mais abordés avec sincérité et lucidité. Ce qui frappe, c’est sa manière de rendre tout ça concret. Elle ne fait pas la morale, elle tend la main. Elle écrit comme elle parle : pour être mieux comprise.
Le livre invite. À réfléchir, à bouger, à faire un pas de plus. Il parle de tous ces choses qu’on vit sans toujours savoir comment les affronter et aident à mieux les comprendre.
En le finissant, j’ai pensé à toutes les personnes que je croise chaque semaine, en interview, dans la rue où que je côtoie. À ceux qui m’inspirent par leur courage discret et qui lutte contre les inégalités. À ceux qui résistent à leur manière, souvent dans le silence. Ce livre, c’est aussi pour eux.
Je le recommande en particulier aux jeunes, mais aussi à toutes celles et ceux qui se posent des questions sur les vrais problèmes sociaux de notre époque.
La Troisième Vie – Fabrice Arfi (éditions du Seuil)
Par Capucine Charlot
Fabrice Arfi, journaliste pour Médiapart, raconte l’histoire vraie d’un homme mystérieux : Vincenzo Benedetto. Lui et sa femme sont arrivés à Villeubarne dans les années 1970. Derrière sa vie tranquille d’ouvrier, il cachait en réalité un secret : il était probablement un espion envoyé par la Roumanie, à l’époque dirigée par un dictateur communiste très dur : Ceaușescu.
Pendant quinze ans, Fabrice a enquêté pour comprendre qui était vraiment cet homme, pourquoi il était venu en France, ce qu’il faisait, et pourquoi il a ensuite disparu sans laisser de traces. Son rôle : infiltrer discrètement la société française, observer ou manipuler des personnes influentes, et rapporter des informations sensibles à Bucarest.
Le journaliste s’est plongé dans les archives, a interrogé d’anciens espions, et a suivi toutes les pistes possibles.
Un livre-enquête tout à fait passionnant, mais aussi très riche pour en savoir plus sur une histoire, celle de la Roumanie mais aussi de la France, souvent méconnue.
