Depuis vendredi, la commune de Torre Pacheco est en proie au chaos, avec des émeutes anti-immigration. Explications sur une situation inédite.
Photo : Torre Pacheco
Ce matin, Torre Pacheco s’est réveillée après une troisième nuit d’émeutes. Cette ville de 40 000 habitants est devenue une véritable poudrière depuis l’agression mercredi dernier d’un homme de 68 ans, Domingo, qui affirme avoir été attaqué sans raison par un groupe de trois jeunes Maghrébins. Vendredi, la mairie a convoqué une manifestation pour protester contre l’agression et contre l’insécurité. Mais le rassemblement a dégénéré en véritable traque d’immigrés. Plusieurs jeunes Maghrébins qui passaient par là ont été tabassés.
Selon les autorités, des groupes ultra-nationalistes venus de l’extérieur de la commune auraient orchestré ces violences via des appels à la « chasse aux migrants » lancés sur les réseaux sociaux. Ces messages ont provoqué un climat de peur et de tensions inédit dans cette localité agricole où plus de 90 nationalités cohabitent. Les personnes d’origine étrangère y représentent plus d’un tiers de la population.
Troisième nuit d’affrontements
Après deux nuits d’émeutes vendredi et samedi, les militants d’extrême droite n’ont pas pu pénétrer hier soir dans le centre-ville, placé sous haute surveillance policière. Ils se sont donc acharnés sur les banlieues, en saccageant notamment un commerce tenu par un Maghrébin. Un groupe de 40 à 50 individus, vêtus de noir et casqués, a fait irruption dans un kebab, installé dans la commune depuis dix ans. Les images de l’agression, relayées en boucle sur les téléphones, ont rapidement provoqué une montée de tension. Des jeunes du quartier ont affronté les forces de l’ordre, jetant pierres et bouteilles. La réponse policière a donné lieu à des courses-poursuites dans les rues avoisinantes.
Depuis vendredi, huit personnes ont été interpellées, dont deux en lien avec l’agression de Domingo. Cinq personnes ont également été blessées. L’Association marocaine pour l’intégration des immigrés alerte de son côté sur une série d’agressions et de menaces à l’encontre de ses membres, appelant les autorités locales et nationales à prendre des mesures urgentes pour garantir leur sécurité.
