Les loyers ont augmenté de 70% en 10 ans à Barcelone et l’offre n’a jamais été aussi réduite. Peut-on espérer une trêve dans cette hausse effrénée ? Les prix ont-ils atteint leur maximum ? Eléments de réponse.
Photo : Cyane Morel
Qu’il semble éloigné le temps où l’on louait un appartement-terrasse de 70 mètres carrés en plein coeur de l’Eixample pour 750 euros par mois. Quinze ans plus tard, un logement de ces caractéristiques entre sur le marché pour le double, minimum. Le prix moyen au mètre carré (24 euros) n’atteint pas encore celui de Paris (31 euros) mais Barcelone possède très peu de petits appartements, ce qui rend l’accès au logement compliqué lorsque l’on vit seul ou même à deux.
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Pour tenter de contenir cette hausse effrénée, les pouvoirs publics ont durci la loi logement, en imposant notamment des montants maximum par zone géographique. Un plafonnement qui ne tient pas compte de l’état du logement et qui fut perçu comme injuste par des propriétaires devenus frileux. Résultat : beaucoup ont retiré leur bien du marché ou les vendent.
« Malgré toutes les mises en garde et les appels à revoir les politiques adoptées par le gouvernement ces dernières années, le désastre du marché locatif espagnol est une réalité, explique Francisco Iñareta, porte-parole du portail immobilier Idealista, des années de persécution des propriétaires et de mesures néfastes, qui ont culminé avec l’adoption de la loi sur le logement, n’ont eu pour seule conséquence que la disparition d’une grande partie de l’offre locative disponible, entraînant une hausse des prix en raison des tensions entre l’offre et la demande ».
Moins de biens à louer, plus de demandes notamment de nouveaux arrivants étrangers : le marché est saturé. « Je n’ai jamais autant galéré de ma vie pour trouver un appartement, c’était l’enfer », confie Bruno, un Français d’une quarantaine d’années installé à Barcelone depuis 12 ans. Le logement qu’il louait jusque là a été récupéré par le propriétaire.. pour le vendre. « Cette loi n’est pas vraiment rentable pour les propriétaires », confirme de son côté Audrey, qui se prépare maintenant à vendre plusieurs de ses appartements barcelonais.
1 logement, 437 candidats
Ainsi, ce ne sont pas moins de 7000 logements qui devraient encore disparaitre cette année de l’offre locative à Barcelone selon le dernier baromètre de l’Université Rey Juan Carlos. Une catastrophe pour les locataires en recherche d’appartement : ils sont désormais 437 en moyenne pour chaque bien à louer. Certaines agences ne se donnent même plus la peine de publier des annonces, mais proposent directement les nouveaux logements disponibles à leur vivier de locataires en recherche.
Dans ce contexte, les prix peuvent-ils cesser de grimper ? « Nous pensons que cela va continuer à monter, à court et moyen terme, indique Francisco Iñareta, ce que nous savons pas, c’est jusqu’à combien ». Toutefois, il semblerait que la loi d’encadrement des loyers commence à produire ses fruits, selon Olivier Goldstein, chasseur d’appartements pour A Place to Live et co-animateur du podcast Immobilier en Espagne : mode d’emploi. « Certains loyers sont revenus à des niveaux proches de ceux d’il y a 4 ou 5 ans, comme récemment un appartement de 120 mètres carrés à Gràcia proposé à 1686 euros, un prix raisonnable pour un 4 chambres, ou un 80 mètres carrés de 3 chambres à 1097 euros à Sant Antoni, c’est un prix qu’on ne voyait plus ».
L’expert souligne deux autres effets modérateurs : des incitations fiscales pour les propriétaires qui mettent leur bien en location longue durée et la limitation à 3% de hausse annuelle pour les baux renouvelés. « Cela représente une transition vers une stabilisation ». Le marché pourrait donc progressivement se stabiliser, voire offrir des opportunités avec des loyers 15 à 20% moins chers qu’avant les récentes lois. A condition d’être patient et persévérant.