L’aéroport de Barcelone-El Prat traverse un été record et doit repenser ses infrastructures pour absorber l’afflux de passagers, entre croissance du trafic et contraintes environnementales.
L’aéroport de Barcelone traverse un été historique. En juillet, il a accueilli 5,5 millions de passagers, un record jamais atteint pour un mois estival, et le cumul de l’année atteint déjà 32,7 millions de voyageurs. Avec ces chiffres, l’aéroport se dirige vers un dépassement des 55 millions de passagers enregistrés en 2024, année où il avait connu son pic historique.
La croissance est portée par les liaisons internationales, qui représentent trois quarts du trafic. Les destinations européennes comme l’Italie, l’Allemagne, le Portugal et la France enregistrent toutes des hausses significatives, tandis que le Royaume-Uni marque un léger recul. Le Maroc et la Chine se distinguent par des progressions spectaculaires : +25 % et +65 % respectivement, bien que le trafic total reste modeste comparé aux grands axes européens. Les États-Unis continuent de progresser, mais à un rythme plus mesuré.
Cette dynamique met sous pression la capacité actuelle de l’aéroport, relançant les projets d’extension. La Generalitat et le ministère des Transports ont validé un plan d’investissement de 3,2 milliards d’euros pour une refonte complète de l’infrastructure. La troisième piste sera allongée de 600 mètres au total, accompagnée de la construction d’un terminal satellite, de la rénovation des terminaux T1 et T2 et de la réorganisation des parkings. Parallèlement, plus de 270 hectares du parc agricole du Llobregat seront renaturalisés pour compenser l’impact environnemental des travaux.
Toujours derrière Madrid
La nouvelle piste mesurera 3 160 mètres et empiétera partiellement sur les zones humides protégées de La Ricarda et d’El Remolar, situées à chaque extrémité. L’impact sur La Ricarda a été réduit de 87 mètres par rapport au projet initial d’Aena, tandis que l’allongement de l’autre extrémité sera de 60 mètres contre 120 prévus initialement. Le calendrier prévoit la réalisation de l’ensemble du projet sur huit ans.
Malgré la progression, El Prat reste derrière Madrid-Barajas en volume de passagers, mais son taux de croissance annuel dépasse celui de la capitale espagnole. Les autres aéroports des Baléares, comme Palma, Ibiza et Minorque, stagnent, confirmant que la croissance de Barcelone-El Prat est portée par des facteurs structurels et non uniquement par le tourisme. Avec ce plan d’extension, Barcelone entend répondre à la demande croissante tout en tentant de concilier croissance et respect de l’environnement, dans un contexte où la saturation des infrastructures menace de freiner son attractivité internationale.
Salvador Illa, président du Gouvernement catalan, est décidé à mettre en marche cette extension, malgré les critiques : « Je ne peux pas ne pas prendre cette décision. Elle est nécessaire pour que la Catalogne reste connectée et ne perde pas son potentiel. Nous ne la faisons pas pour attirer plus de touristes », défendait-il en juin dernier, lors de la présentation du plan du Gouvernement pour débloquer l’extension de la troisième piste et la construction d’un nouveau terminal satellite. « Lorsque j’ai été élu président, j’ai pris avec conviction l’engagement de moderniser et de débloquer l’aéroport. »