À Barcelone, vivre dans le bruit, c’est payer moins cher son logement. Dans l’Eixample, dix décibels de plus peuvent faire perdre plusieurs milliers d’euros à un appartement, selon une nouvelle étude.
Photo : Clémentine Laurent
Le silence a un prix, et il n’est pas donné. Une étude de l’Institut d’Économie de Barcelone révèle qu’un logement de l’Eixample exposé à 10 décibels de plus que la moyenne se vend 3,4 % moins cher. Soit jusqu’à 16 500 euros de différence entre deux appartements comparables. En location, l’impact est moindre, environ 2 % de baisse, mais il entraîne une rotation plus rapide des locataires.
Les chercheurs Marianna Magagnoli et Filippo Tassinari ont passé au crible des milliers d’annonces publiées sur Idealista entre 2009 et 2017, croisant hauteur d’étage, orientation (intérieur ou extérieur) et niveau sonore relevé par la mairie. Dans l’Eixample, quartier au maillage de rues conçu par Ildefons Cerdà, aucune artère ne passait sous le seuil de bruit recommandé par l’OMS. Le coupable ? Surtout le trafic routier.
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Les résultats confirment ce que les habitants savent déjà : le bruit du soir et de la nuit pèse plus lourd sur la valeur d’un logement que celui de la journée. Et les politiques de réduction du bruit comme les zones piétonnes, la limitation de vitesse ou les revêtements absorbants pourraient faire grimper les prix dans les rues apaisées, tout en accentuant les inégalités avec les rues voisines, condamnées à récupérer le trafic.
Une solution ?
L’exemple de Consell de Cent, transformée en axe piéton, illustre ce paradoxe. Dix à quinze décibels de moins qu’à quelques mètres, rue València, devenue boulevard de délestage. Résultat : une attractivité en hausse et des prix qui suivent. L’étude conclut qu’il est plus efficace et plus équitable d’agir sur l’espace public que d’offrir des subventions pour changer les fenêtres.
Moins de voitures, vitesse réduite, véhicules électriques et enrobés “silencieux” : autant de solutions pour rendre l’Eixample plus vivable. Et, accessoirement, plus cher.