En Espagne, la filiale low-cost de la SNCF secoue le marché des lignes à grande vitesse avec ses tarifs cassés, défiant l’opérateur historique Renfe et provoquant une bataille politico-économique autour du dumping.
Depuis son lancement en mai 2021, Ouigo a transporté près de 20 millions de passagers en Espagne. Sur la ligne Madrid-Barcelone, l’une des plus fréquentées du pays, Ouigo détient 20,1 % du marché contre 58 % pour Renfe. En 2024, le ministre espagnol des Transports, Óscar Puente, avait dénoncé des pratiques de dumping, estimant que Ouigo vendait ses billets à des prix « insoutenables » pour Renfe et Iryo dans le but de capter rapidement des parts de marché.
Des tarifs ultra-bas et des promotions attractives
Ouigo multiplie les promotions, notamment avec ses Pink Days, offrant des billets à prix très réduits, parfois à partir d’1 €. Depuis 2022, cette politique agressive a contribué à une baisse moyenne des tarifs de 40 %, rendant la grande vitesse plus accessible aux familles et aux jeunes. L’opérateur revendique un taux de remplissage moyen de 90 %, qui lui permet de compenser les prix bas par le volume de passagers transportés.
Pour Renfe, ces pratiques sont problématiques : elles grèvent les marges et mettent en tension la viabilité économique de ses lignes, déjà soumises à des obligations de service public. Le débat autour du dumping pourrait même être porté devant la Commission nationale des marchés et de la concurrence (CNMC) ou la Commission européenne.
Cap sur l’expansion : nouveaux corridors à l’horizon
Dès 2027, Ouigo pourra postuler pour l’exploitation des nouveaux corridors ouverts à la concurrence: Madrid-Galice, Madrid-Asturies/Cantabrie et Madrid-Cádiz/Huelva, représentant jusqu’à 72 services quotidiens. Cette extension permettra de desservir de nouvelles provinces et d’augmenter la couverture du réseau à grande vitesse pour près de 70 % de la population espagnole.
Face aux critiques, Ouigo défend son modèle : aucun subside n’est impliqué et l’entreprise vise la rentabilité grâce à un remplissage intensif. Pour les voyageurs, c’est une aubaine : des trajets rapides à prix réduits. Pour les autorités, c’est un défi : comment concilier accessibilité et viabilité économique sur un marché désormais ultra-concurrentiel.