Les partis socialistes vont-ils disparaître en France et en Espagne?

manuel valls espagne catalan

François Hollande au plus bas en France, les socialistes étouffés par Podemos en Espagne. Le socialisme est-il en voix de disparition définitive ?

Le parti socialiste n’a que 84 députés sur les 350 que compte le parlement espagnol. L’élection législative du 26 juin a donné le pire résultat du parti socialiste espagnol depuis le rétablissement de la démocratie.

Le PSOE, qui a gouverné le pays pendant 20 ans (de 1981 à 1996 et de 2004 à 2011), se retrouve aujourd’hui quasiment résiduel dans le jeu politique espagnol. Le parti socialiste, élections après élections, doit batailler avec férocité pour arriver péniblement en seconde position derrière la droite, place convoitée par Podemos. L’Espagne est sans gouvernement depuis 9 mois. La droite du parti populaire (PP) est arrivée en tête des deux législatives de décembre 2015 et juin 2016 , mais ne dispose pas de la majorité absolue au parlement pour former un gouvernement.

Pedro Sánchez, le leader du PS, doit se résigner à faire un choix entre appuyer un gouvernement de droite en laissant le PP gouverner en minorité ou alors se lancer dans la périlleuse aventure de s’allier avec l’extrême gauche, les indépendantistes catalans et les nationalistes basques. Dans l’arithmétique, il serait en effet possible de dégager cette majorité alternative. Mais dans les faits, c’est une chimère, tant les positions de Podemos et des socialistes sont éloignées. De plus ce gouvernement « Frankenstein » comme l’appelle les socialistes en opposition avec leur chef Pedro Sanchez, devrait autoriser un référendum indépendantiste réclamé par les séparatistes catalans en échange de leur vote pour investir le candidat socialiste. Impensable pour l’intelligentsia espagnole. La vieille garde et les barons régionaux socialistes invitent leur secrétaire général à laisser gouverner Mariano Rajoy, en votant l’abstention. Une solution humiliante et refusée de toutes les dernières forces qui restent à Pedro Sanchez qui préfère que la situation reste bloquée et conduit inévitablement à une troisième élection législative en un an (au 18 décembre prochain selon toute vraisemblance).

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Cette situation peut mener à la fin du parti socialiste en Espagne. Laisser gouverner la droite pourrait en effet ressembler à une trahison. Mais s’allier avec Podemos est risqué, le parti de Pablo Iglesias cherchant à imposer son hégémonie à gauche en Espagne. Comme le FN cherche à faire exploser le parti Les Républicains en France, Podemos mise sur un dynamitage du Parti Socialiste Espagnol. Pour le jeune parti, le meilleur scénario serait celui où les socialistes laissent gouverner la droite, leur permettant de se revendiquer comme unique vrai parti de gauche en Espagne.

Même stratégie pour le conservateur Mariano Rajoy. Comme l’a jadis fait en France Mitterrand avec le Front National pour diviser la droite, les conservateurs font monter volontairement la pression, ne cessant d’alerter du danger que signifierait l’arrivée du pouvoir de Podemos en Espagne et de la « destruction d’emploi et ruine économique ». Mariano Rajoy considère le parti socialiste comme une simple force d’appoint à un futur gouvernement de droite pour barrer la route au populisme. Laisser de fait le monopole de la gauche et de l’opposition à Podemos. Diviser pour mieux régner. Coincé entre la droite qui reste la force recueillant le plus de suffrages en Espagne et l’hémorragie de votes vers Podemos, il va être difficile à moyen terme pour le parti socialiste de revenir au pouvoir. Or, le pouvoir n’use que ceux qui ne l’ont pas. Le parti socialiste espagnol y survivra-t-il ? L’avenir nous le dira.

La fin du PS en France

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Quand on passe la frontière, on constate que la situation du PS français est pire que celle de son voisin espagnol. Pour la première fois dans l’histoire de la 5e République, le président sortant devra se soumettre à une primaire -sans garantie de la gagner- avant de se lancer dans la course présidentielle. Valls, Macron, Montebourg, Hollande, dur de savoir à six mois de l’élection qui sera le candidat du PS.

Comme en Espagne avec Podemos, le socialisme en France se retrouve sous les feux de tous les extrémismes. Bastonné par le populisme de gauche pour sa supposée politique libérale et raclé par les ex-UMP  et le Front National sur sa droite pour son supposé laxisme, quel espace politique reste-t-il au centre gauche socialiste ? À gauche, certains ont leur idée : pour lutter contre le Front de gauche et le Front National, une grande alliance pourrait être trouvée entre les modérés de gauche et ceux de droite pour former une grande coalition centriste. Globalement, le même scénario qu’en Espagne pour empêcher Podemos d’arriver au pouvoir.

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