Tentative d’investiture d’un président socialiste en Espagne : le temps réel

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Est-ce la fin du gouvernement conservateur de Mariano Rajoy ? Les socialistes vont-ils prendre le pouvoir en Espagne ? Quelles seront les conséquences pour le conflit indépendantiste en Catalogne ? À partir de ce mardi 1er mars , le Parlement espagnol a commencé le débat d’investiture du socialiste Pedro Sánchez. Suivez le déroulement en temps réel avec Equinox.

 

Pedro Sanchez a commencé son discours en prévenant qu’un accord doit être trouvé cette semaine pour qu’il soit élu. Dans le cas contraire, cela signifie « que le travail a été mal fait ». Le but du changement de gouvernement est de mettre en place « un état providence, relancer le marché du travail et combattre la corruption ». Selon le socialiste, la droite a créé beaucoup de frustrations « chez les auto entrepreneurs, les féministes, les collectifs contre les expulsions de logements, et les fonctionnaires. Des millions d’espagnols ont dû faire face aux coupes budgétaires injustes de Rajoy ».

Ensuite, Pedro Sánchez fait le calcul :  « Beaucoup de votants socialistes ne sont pas enchantés à l’idée d’avoir une coalition avec Podemos. Et les votants de Podemos pensent la même chose envers les socialistes. Mais nous n’avons pas la majorité suffisante pour faire une majorité de gauche. Nous devons inclure les centristes, de Ciudadanos ». D’ailleurs, Pedro Sánchez profite de son discours pour « remercier le courage d’Albert Rivera et de ses députés pour avoir signé un accord PSOE-Ciudadanos ». Les applaudissements ont été ironiques sur les bancs de Podemos. En matière de politiques sociales, Pedro Sánchez annonce un RSA pour 750.000 foyers qui n’ont aucun revenu, de meilleures indemnisations en cas de licenciements, et une limitation à deux ans maximum pour les CDD.

Pedro Sánchez souhaite une politique féministe dénonçant qu' »En Espagne, une femme doit travailler 79 jours de plus par an qu’un homme pour accéder au même salaire ».

Au niveau international, le leader socialiste estime qu’« il est urgent de soutenir les pays qui accueillent le plus de réfugiés. Nous devons accueillir plus de réfugiés en Espagne en augmentant les visas. »

Sur le thème de l’indépendance en catalogne, Pedro Sánchez veut de la fermeté et de la générosité : « Je fais la promesse de défendre la constitution et la loi. Mais je ne veux pas parler que de loi. Je veux aussi aider à une nouvelle forme de se comprendre entre les catalans et le reste des espagnols. Je veux créer des ponts avec la Catalogne. Nous allons reprendre des réunions pour aborder des points concrets. »

Du côté de la vieille garde du Parti socialiste espagnol (les anciens présidents Zapatero, González, et José Bono), elle se déclare assez contente de la tournure que prennent les événements. Totalement opposés à une alliance avec la gauche radicale de Podemos, les caciques du parti sont satisfaits de l’accord avec les centristes de Ciudadanos. Ils pensent que c’est un bon début et que le dénouement de la situation passera par un accord avec le Partido Popular, pour cela Mariano Rajoy doit partir et être remplacé par un nouveau leader.

Chez la droite du Partido Popular, Mariano Rajoy s’accroche. Il refuse tout accord qui permettrait de faire élire un socialiste à la tête de l’Espagne. Le conservateur mise sur une situation de blocage, et une convocation de nouvelles élections en juin prochain.

Pour l’instant, dans le camp de la gauche radicale de Podemos, on ne pense pas à soutenir Pedro Sánchez. Podemos ne veut rien négocier tant que les socialistes sont alliés avec les centristes de Ciudadanos.

Les indépendantistes catalans disposent de 17 sièges (9 de gauche et 8 de droite). Pour le moment, les catalans ne veulent pas soutenir Pedro Sánchez. Le candidat socialiste refuse d’ailleurs de faire appel aux députés indépendantistes. La condition sine qua non d’un vote positif serait l’autorisation d’un référendum séparatiste en Catalogne. Aujourd’hui, seul le parti Podemos y est favorable.

Tout comprendre

Pourquoi le Parlement espagnol ne va voter que cette semaine pour choisir un chef du gouvernement, alors que les élections ont eu lieu le 20 décembre dernier ?

Le système espagnol est très lent car il s’agit d’un schéma parlementaire. Les groupes parlementaires ont entamé de longues négociations pour tenter d’élire un président. Depuis les élections du 20/12 – comme aucun parti politique ne dispose de la majorité absolue – les négociations se sont éternisées, d’où un délai extrêmement long.

 

Concrètement que va-t-il se passer ? 

Ce mardi 1er mars, le socialiste Pedro Sánchez a présenté son discours de candidat devant le parlement. Demain, mercredi 2 mars, tous les présidents des groupes parlementaires vont lui répondre lors d’une journée marathon. À la fin de la journée (vers 23 heures) les députés voteront pour ou contre l’investiture. Pour être élu président du gouvernement, Pedro Sánchez devra recevoir une majorité absolue de votes en sa faveur.

Dans le cas contraire, il y aura une seconde journée de débat vendredi 4 mars, avec un deuxième tour, où cette fois-ci, une majorité simple de votes en sa faveur (plus de oui que de non) suffira à le faire élire. Dans le cas où Pedro Sanchez n’est toujours pas élu vendredi soir, le Parlement aura un délai de deux mois pour trouver un nouveau candidat, qui devra obtenir une majorité. Dans le cas contraire, au bout de ce délai, le Parlement est automatiquement dissous et de nouvelles élections législatives auront lieu.

 

Le socialiste Pedro Sánchez va-t-il être élu cette semaine ?

Ça va être compliqué. Pour être élu demain ou vendredi 4 mars à la majorité absolue, Pedro Sánchez aura besoin de 176 votes. Pour l’instant, le candidat dispose de 130 sièges, c’est-à-dire 90 de ses députés socialistes, et 40 des députés centristes de Ciudadanos, avec lesquels un accord a été signé. Les 123 députés du Partido Popular (droite), les 69 députés d’extrême gauche de Podemos et les 17 députés indépendantistes catalans voteront contre Pedro Sanchez, ce qui représente un bloc de 188 votes négatifs.

Pour être élu, lors du second tour vendredi, le socialiste a absolument besoin d’une abstention de Podemos ou du Partido Popular. Les centristes de Ciudadanos essaient de négocier – pour l’instant sans succès – avec la droite du Partido Popular afin que le groupe s’abstienne. Ceci permettrait l’élection de Pedro Sánchez dans une ambiance de grande coalition centriste et modérée.

Parallèlement, les équipes du candidat socialiste essaient de négocier avec les indignés de Podemos pour former « le gouvernement du changement », c’est-à-dire sans la droite. Les radicaux de Podemos refusent de s’associer aux socialistes à cause du pacte qui a été passé avec les centristes. Ciudadanos a de son coté annoncé qu’il romprait l’accord si les socialistes s’associaient à Podemos. Il est donc intéressant de suivre l’investiture pour voir quelle tournure vont prendre les débats et joutes verbales.

 

 

Rapport de force de la coalition Parti Socialiste + centristes de Ciudadanos

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Temps réel : Résumé du discours du président sortant Mariano Rajoy

 

Temps réel : Résumé du discours du leader de Podemos Pablo Iglesias

 

 

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