Article 155 – L’Espagne a-t-elle acheté le soutien de la France ?

Que l’Espagne concède des faveurs à différents pays afin d’obtenir leur soutien face à la Catalogne est une théorie récurrente dans la sphère indépendantiste. C’est au tour de la France d’être pointée du doigt.

La célèbre directive européenne sur les travailleurs détachés est un point de discorde permanent entre les pays de l’Union européenne. Certains se souviendront de la polémique sur le plombier polonais venant voler les emplois en France qui avait secoué la campagne référendaire qui a précédé le « non » français à la Constitution européenne. Un conflit opposant généralement le centre de l’Union européenne aux périphéries.

Le texte permet que les droits des individus concernés soient assimilés aux lois du pays de destination, notamment en termes de rémunération, ce qui n’est pas le cas de la directive de 1995 actuellement en vigueur.


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Depuis son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron veut une réforme de cette directive, qui a le soutien de l’Allemagne, de l’Italie, du Benelux et de l’Autriche. Le but serait de lutter contre le dumping social et de protéger  les droits des travailleurs. Les pays qui ont les salaires les plus bas s’opposent depuis longtemps. Chef de file des opposants : l’Espagne a le soutien principalement du Portugal et de l’Irlande qui défendent bec et ongle l’actuelle norme surtout sur la question du transport. Ils affirment que leur compétitivité en souffrirait. Alors que la situation était bloquée entre la France et l’Espagne depuis 18 mois (le conflit avait commencé sous l’ère Hollande), tout c’est débloque le 19 octobre au terme d’une rencontre des leaders européens.

Un accord suspect entre Rajoy et Macron?

Après un tête à tête entre Macron et Rajoy, ce dernier a finalement accepté les modifications imposées par la France. Le journaliste Emmanuel Berreta qui a publié chez nos confrères du Point, un article Travail détaché : les dessous de la négociation a enflammé la presse indépendantiste catalane. Berreta croit savoir que Mariano Rajoy a accepté la modification de la directive en échange du soutien d’Emmanuel Macron a la mise en place de l’article 155 de la constitution. Une théorie qui fait qui fait écho aux paroles de l’ancien ministre des affaires étrangères Antonio García Margallo qui avait déclaré sur la chaîne espagnole 13tv que « l’Espagne devait beaucoup de faveurs à d’autres pays en échange de leur positionnement contre l’indépendance de la Catalogne ». Des propos que l’ancien ministre avaient ensuite nuancé expliquant qu’il « voulait juste dire qu’il remerciait les pays amis de leur soutien. ».

Interrogé par Equinox, le Parti Populaire de Catalogne indique ne jamais avoir entendu parlé de ces négociations. La délégation du gouvernement espagnol à Barcelone a pour sa part démenti l’information à notre rédaction : « C’est faux.Tous les pays de l’Union européenne et du reste du monde ont appuyé le gouvernement espagnol sans conditions ». 

 

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