La Catalogne doit-elle rester en Europe? Puigdemont veut un référendum

Après le référendum sur l’indépendance de la Catalogne, Carles Puigdemont propose un nouveau scrutin pour savoir si les Catalans souhaitent rester ou non dans l’Union européenne.

« Les Catalans, tu les aimes ou ils te quittent ». C‘est un peu la philosophie de Carles Puigdemont. Après avoir organisé un référendum pour rompre avec l’Espagne qui n’a reçu aucun soutien international, l’ancien président de la Catalogne s’interroge à voix haute pour savoir si les Catalans ne voudraient pas se séparer de l’Union européenne. Puigdemont, qui s’est toujours présenté comme un Européen convaincu, exprime aujourd’hui sa déception face à “club de pays décadents, obsolètes, dirigé par un petit nombre de personnes et lié à des intérêts économiques de plus en plus discutables. » Une déclaration faite ce week-end sur la chaîne télévisée israélienne Canal 1 Kan dans une des nombreuses interviews que donne l’ancien président sur des médias internationaux.

Éconduit par l’Europe, en réponse Puigdemont propose d’organiser un référendum pour interroger le peuple catalan sur son désir ou non de continuer à faire partir de l’Union. Attaquer les dirigeants de l’Union européenne semble faire partie de la stratégie de la campagne présidentielle de Carles Puigdemont dans le cadre des élections catalanes du 21 décembre prochain.  A chaque intervention publique, l’ancien locataire du Palau de la Generalitat décoche une flèche contre cette Union européenne « qui fait des leçons au monde entier, mais détourne le regard face à la politique autoritaire de Mariano Rajoy ».

Une proposition risquée

En s’aventurant sur le terrain de la sortie de l’Europe, Puigdemont prend le risque d’être amalgamé à Marine Le Pen et à l’ensemble des mouvements identitaires européens. Ce que, évidement, n’ont pas manqué de faire les partis conservateurs espagnols. « Nationalisme et populisme sont les deux faces de la même monnaie : ils veulent liquider l’Espagne et nous faire sortir de l’Europe » pour Albert Rivera, le chef de Ciutadans. “Puigdemont ne va pas mettre de nouvelles frontières entre les Espagnols et les Catalans et entre les Espagnols et les Européens » affirme Andrea Levy, candidate aux élections du 21 décembre pour le Partido Popular de Mariano Rajoy.

A gauche, pas plus de soutien. Le député européen Pablo Echenique de Podemos a twitté  « sortir de l’Espagne, sortir de l’Union européenne, sortir du monde, sortir de la réalité ». Le parti de gauche indépendantiste ERC, qui a gouverné la Catalogne au côté de Puigdemont et qui présente aux élections une liste concurrente,  ne s’est pas montré emballé par cette proposition. Seule l’extrême-gauche indépendantiste de la Cup, qui a depuis toujours demandé la sortie de l’Europe, a applaudi l’ancien président.

Quelques appuis européens

Obtenir l’appui de l’Union européenne, depuis la composition du gouvernement indépendantiste en janvier 2016, était la condition sine qua non pour mener à bien la feuille de route vers la République Catalane. Dans un long article publié dimanche dans la Vanguardia, le journaliste catalan Enric Juliana révèle que la Generalitat avait réussi à obtenir quelques touches dans l’univers politique européen. Jonathan Powell, l’ancien chef de cabinet de l’ex-premier ministre anglais Tony Blair; l’ancien président de l’Autriche Heinz Fischer, et l’ex-président de la Commission européenne et ancien premier ministre italien Romano Prodi se sont montré extrêmement ouverts pour effectuer une médiation entre l’Espagne et la Catalogne.

Mariano Rajoy a vu rouge et s’est montré fatalement opposé à ce que son gouvernement soit mis sous tutelle internationale. En réponse, il a déployé la puissante diplomatie espagnole. Une grande partie d’échec s’est jouée entre Alfonso Dastis, le ministre des Affaires étrangères espagnol, et Amadeu Altafaj, ambassadeur catalan au parlement de Bruxelles. Madrid a noté qu »Altafaj connaissait bien Bruxelles, ses rouages et ses réseaux. Face à la violence de la police le 1er octobre et sa médiatisation internationale, l’État espagnol a failli se retrouver dans les cordes. Cependant la force de la diplomatie espagnole a réussi à soulever Donald Tusk, Jean-Claude Juncker, Antonio Tajani, Emmanuel Macron et Angela Merkel.

Lors de l’application de l’article 155, Amadeu Altafaj a été destitué de son poste, les ambassades catalanes fermées et Diplocat, le réseau diplomatique de la Generalitat, démantelé. Les soutiens de la Generalitat ont été trop légers pour peser face aux mastodontes qui se sont rangés derrière l’Espagne.

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