Stages à Barcelone, entre paradis et arnaques

Bien souvent dans les classements des meilleures villes étudiantes, Barcelone est aussi une destination privilégiée pour les stages à l’étranger. L’occasion pour les étudiants de découvrir la vie trépidante de la capitale catalane, mais aussi de se heurter à des désillusions.

Photo: Equinox

Arrivée il y a trois semaines pour un stage en communication, Alexane reconnaît avoir postulé à une offre « seulement parce que c’était à Barcelone ». Par chance, elle trouve aussi son compte dans ses missions: organisation d’un événement, relations presse, newsletter ou encore gestion des réseaux sociaux. « J’en fais même plus que ce qui était annoncé. J’apprends énormément, se réjouit la Troyenne. De plus, on m’incite à prendre des initiatives et à proposer mes idées. » De quoi oublier sa dernière expérience peu enrichissante: « j’étais seule dans un bureau au mois de juillet, pendant que tout le monde était en vacances, sans rien à faire ».

Ce sentiment d’abandon, Charlotte le connaît bien. Heureuse de poser de nouveau ses valises dans la ville où elle a vécu deux ans, elle est confrontée à quelques difficultés. En cause: l’absentéisme de son tuteur: « je dois me débrouiller seule et lui envoyer des mails pour lui poser des questions ». Et ça ne s’arrange pas en montant dans la hiérarchie, avec un directeur peu « ouvert au dialogue ». En stage dans le tourisme, la jeune femme de 26 ans essaie tant bien que mal de faire preuve d’initiative mais « c’est délicat, je reste quand même dans ce que je dois faire », concède-t-elle.

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« Des placards à balais » à 500 euros par mois

En dehors de l’entreprise, trouver un appartement représente le casse-tête traditionnel des nouveaux arrivants à Barcelone. « J’ai dû en visiter une dizaine en seulement trois jours, se rappelle Alexane. Et j’avais vraiment affaire à des taudis, ou des placards à balais avec un loyer de 500 euros par mois… ». Une galère partagée par Amandine, en stage à l’institut français de Barcelone. Ancienne professeure d’espagnol, l’étudiante en reconversion avait comme premier critère de retrouver la péninsule ibérique. Et pour cette passionnée de politique, « c’est un gros plus d’être à Barcelone ».

Pour optimiser ses chances d’intégration, Amandine suit des cours de catalan: « c’est toujours bien d’apprendre la langue dans le « pays » dans lequel tu es. Par exemple, ça n’arrive que très rarement, mais les clients peuvent être un peu plus froids si tu ne parles que castillan… En glissant deux, trois mots de catalan, ça passe toujours mieux. » Mais avant de maîtriser les subtilités de la langue, Amandine s’est déjà saisie des questions politiques locales. « J’étais en France devant ma télé le jour du référendum, ça me rendait dingue. Je me sens hyper engagée sur la libération des prisonniers politiques. »

Des stagiaires trop fatiguées pour sortir

Côté vie quotidienne, cette dernière reconnait manquer de temps pour faire du tourisme. « En plus de mon stage, j’ai un mémoire à écrire pour septembre, indique-t-elle. Donc, entre le travail, les entretiens à placer, sans oublier de me reposer, c’est dur de visiter tout ce que je veux. » Alexane, elle, fait plus l’impasse sur les sorties : « Pour la vie nocturne c’est assez difficile car, déjà, s’habituer à un nouvel environnement et un nouveau rythme de travail est assez fatigant. » Mais la jeune femme ne s’en plaint pas et observe des différences notables avec ses camarades de classe restés en France : « leurs missions ne sont pas aussi diverses. De plus, la majorité est en télétravail (de plus en plus courant en France) et ne fait pas grand-chose ».

Un stage à 187 euros

En Espagne, la loi n’oblige pas les employeurs à rémunérer leurs stagiaires, contrairement à la France où la gratification est obligatoire au bout de deux mois. À l’inverse, au pays de Cervantes, certains stages sont payants, à l’image de celui réalisé par Clémentine dans le marketing.  « J’ai accepté car il me fallait absolument un stage », témoigne-t-elle. « Je n’étais pas contre payer 187 euros de logiciel car l’entreprise allait m’apprendre à les utiliser et me les mettre sur mon ordinateur. » Résultat, la jeune femme n’a jamais vu la couleur de ces fameux logiciels et a dû faire acte de présence deux heures par jour pendant deux mois.

Face à l’absence de missions, la stagiaire se réfugiait derrière son ordinateur pour « regarder des films ». Deux ans après, sa colère et sa rancœur n’ont pas disparu : « l’annonce disait que l’on allait toucher à tout, faire de la prospection, du marketing, apprendre à utiliser des logiciels de design… Je me suis clairement fait arnaquer. Le directeur se sert de la détresse des stagiaires pour récolter de l’argent. » Aujourd’hui disparue de la carte, l’entreprise en question aurait fonctionné avec une équipe de trois employés renforcée par une armée de stagiaires « coincés ». « Le directeur ne nous signait pas notre certificat de stage si on ne payait pas », fustige-t-elle avant de résumer : « il a trouvé le bon moyen de gagner de l’argent facilement tout en ne faisant rien du tout ».

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