Pourquoi la plupart des épiceries de Barcelone sont tenues par des Pakistanais?

Avec les épiceries de quartier ouvertes 24/24h, les « Pakis » semblent détenir une part importante du commerce à Barcelone. Mais derrière ce terme se cache surtout la deuxième communauté étrangère la plus importante de Barcelone dont l’immigration a débuté dans les années 70.

Avec un pic d’arrivées au début des années 2000, les Pakistanais sont aujourd’hui parmi les communautés étrangères les plus importantes de Barcelone, avec plus de 40.000 ressortissants en 2017. La majorité d’entre eux sont originaires de la province du Punjab et leur nombre a quasiment quadruplé entre 2001 et 2007, années durant lesquelles ils se sont surtout installés dans le Raval. Alors que beaucoup sont arrivés aux prémices de la crise économique, cela ne les a pas empêchés de s’imposer en tant que commerçants de quartier face à une demande croissante. Ce sont en effet les opportunités professionnelles et la possibilité de régularisation qui ont déplacé l’immigration pakistanaise vers les pays du sud comme l’Espagne. Celle-ci avait pourtant commencé en Allemagne, en France et en Angleterre mais s’est heurtée au durcissement des politiques migratoires.

17,63% de part de marché

A Barcelone, grand nombre de supérettes de quartier sont détenues par des Pakistanais. Mais si vous appelez leur magasin « Badulaque », terme rendu populaire dans la série américaine Les Simpsons et traduction du commerce de l’Indien Apu, ils risquent de mal le prendre. D’autant plus que tout le monde est bien content de les trouver lorsque les autres supermarchés sont fermés et que l’on ne veut pas arriver les mains vides à une soirée par exemple. Ce service d’urgence, ils l’ont bien saisi. Aujourd’hui, 1100 épiceries de quartiers sont gérées par des personnes issues de l’immigration, la majorité pakistanaise, soit une part de marché de 17,63 % des commerces alimentaires.

Une affaire de famille

A présent, c’est la deuxième génération qui est installée. « Cela fait huit ans que ce magasin existe mais avec mon associé, nous l’avons repris depuis seulement trois ans, explique l’un des gérants d’Alisha Supermercat, dans le Born, avant, il était tenu par nos parents, c’est une affaire de famille ». C’est en effet généralement le cas, ce qui explique qu’aujourd’hui les Pakistanais gardent une certaine main-mise dans le domaine. Avec son collègue, ils se relaient entre le matin et l’après-midi pour rester ouvert jusqu’à minuit. Travaillant dans un quartier très visité, le vendeur témoigne : « notre clientèle est surtout composée de touristes. Ils affluent l’après-midi pour acheter de l’eau ou des boissons fraîches ».

11 magasins pour 10.000 habitants

Selon l’observatoire économique Eixos, la plus forte concentration de ces « colmados » se trouve dans le Raval avec 96,5 magasins par kilomètre carré. En seconde position, le quartier de Gràcia. L’étude de fin 2016 montre que par rapport au nombre d’habitants, le Raval est toujours leader avec 22 établissements pour 10.000 résidents et est, cette fois-ci, suivi du barrio Gòtic. Globalement, les Barcelonais disposent de 11,1 magasins pour 10.000 habitants.

Pourtant, à leur arrivée, les Pakistanais avaient commencé par travailler dans le bâtiment ou les usines textiles. Selon une étude de l’université autonome de Barcelone sur la communauté pakistanaise en Espagne, ils ont toujours su répondre à la demande au moment opportun. En revanche, le texte souligne aussi une précarité chez cette communauté où le nombre de recensés dépasse celui de titres de séjour. Ainsi, dans les années 1990, l’Asociacion de trabajadores pakistanis a vu le jour pour leur venir en aide. Aujourd’hui encore en Espagne, la majeur partie de la communauté pakistanaise se trouve à Barcelone et sa région.

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