Le roi d’Espagne dans la ligne de mire des indépendantistes catalans

Visite sous tension, le roi d’Espagne Felipe VI arrive aujourd’hui en Catalogne pour inaugurer les Jeux Méditerranéens de Tarragone.

Les dernières fois que le souverain espagnol est venu sur le sol catalan, l’accueil a été glacial. Lors de la grande manifestation suite aux attentats de la Rambla de Barcelone à la fin du mois d’août, le roi fut accueilli par des sifflets et des messages hostiles. Malaise. A quelques semaines du référendum, les indépendantistes étaient surexcités et n’ont pas réussi à contenir leur animosité contre le chef de l’État, brisant ainsi la solennité et la dignité d’un hommage aux victimes d’un attentat.

Boycott

Après la déclaration d’indépendance, Felipe VI est revenu à Barcelone fin février pour inaugurer le Mobile World Congress. L’article 155 de la Constitution espagnole était alors en vigueur, la Catalogne institutionnelle était suspendue et n’avait plus de gouvernement. Seuls représentants en fonction, le président du parlement Roger Torrent et la maire de Barcelone Ada Colau avaient boycotté la cérémonie d’accueil du souverain.

Tensions

Le retour de Felipe VI aujourd’hui ne sera pas paisible. Plusieurs manifestations sont prévues à Tarragone par les activistes des Comités de Défense de la République (CDR) et par l’association indépendantiste ANC. Le président de la Catalogne Quim Torra a annoncé à la mi-journée qu’il avait décidé de rompre toute relation avec la Couronne, encouragé par Carles Puigdemont qui depuis la chute de Mariano Rajoy a fait du roi d’Espagne sa nouvelle bête noire afin de maintenir la pression et l’instabilité politique. Torra n’invitera donc plus Felipe VI aux cérémonies officielles de la Generalitat et ne répondra plus à ses invitations.

L’indépendantisme reproche à l’actuel locataire de la Zarzuela son discours du 3 octobre, où Felipe VI a clairement laissé carte blanche à Mariano Rajoy pour lancer l’application de l’article 155. Les souverainistes catalans s’offusquent que le Roi n’ait jamais condamné les violences policières du 1er octobre lors du référendum. Ils estiment également qu’il n’a pas joué le rôle de modérateur que lui confère la Constitution espagnole.

Avec 17 millions d’euros injectés pour ces Jeux de Tarragone, certains secteurs du séparatisme étaient toutefois favorables à une collaboration avec le chef de l’Etat. Mais la stratégie de Puigdemont depuis l’Allemagne reste la même : la situation politique en Catalogne ne doit pas revenir à la normale.

Ainsi les trois président indépendantistes de la Catalogne, Artur Mas, Carles Puigdemont et Quim Torra ont écrit hier une lettre conjointe au Roi lui demandant des excuses publiques pour les violences policières espagnoles lors du référendum, pour l’application de l’article 155 et pour son inaction dans le dossier des anciens membres du gouvernement catalan en détention préventive à Madrid. Peu de chances qu’ils soient entendus, Felipe 6 se présentant invariablement comme le grand garant de l’unité de l’Espagne.

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