[ANALYSE] La Catalogne gouverne l’Espagne

Analyse de Nico Salvado, fondateur d’Equinox.

« Ils veulent installer l’idée magique que la seule présidence de Sánchez arrange les choses par elle-même. Mais les premiers ministres sont aussi la majorité politique qui vote pour eux. On ne peut pas aller en Europe et vendre des idées magiques: sans l’indépendantisme, Sánchez ne serait pas président. »

Ces paroles ont été écrites hier matin sur Twitter par Carles Puigdemont. L’ancien président de la Catalogne commentait ainsi l’arrivée du premier ministre Pedro Sánchez à Berlin pour une rencontre officielle avec la chancelière Angela Markel.

Le chef du gouvernement espagnol a été reçu avec les honneurs militaires. On est bien loin de l’accueil réservé à l’ancien leader catalan qui ne peut rencontrer aucun dignitaire sur le sol allemand. Ce fait peut expliquer le ton acide du message de Puigdemont. Mais pas que. En accord ou contre l’indépendantisme, il est force de constater que l’analyse de Puigdemont est la bonne : sans appui politique des Catalans, il est impossible de gouverner l’Espagne.

Majorité

En 1993 pour se faire élire président de l’Espagne, le socialiste Felipe Gonzalez a eu besoin des votes des 15 députés nationalistes catalans au parlement espagnol pour obtenir une majorité. En 1996, c’était au tour de l’ultra-conservateur Jose Maria Aznar de demander le soutien parlementaire des souverainistes catalans pour obtenir les voix nécessaires. En 2004 et 2008 c’est la gauche indépendantiste qui permettait l’investiture du socialiste Zapatero.

Et effectivement, il y a quelques semaines, le progressiste Sanchez faisait tomber Mariano Rajoy grâce aux parlementaires indépendantistes de droite et de gauche.

Si l’on ajoute que Mariano Rajoy a en partie chuté à cause de la gestion du conflit en Catalogne, on peut conclure qu’il est impossible de diriger l’Espagne sans l’active collaboration des indépendantistes catalans. Tout comme il est impossible de mener une politique indépendantiste unilatérale en Catalogne si Madrid si oppose, comme on l’a vu lors de l’automne 2017.

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