Le parti Ciutadans, allié de Macron, veut pactiser avec l’extrême-droite

Embourbé avec la révolte des Gilets Jaunes en France, le président Macron voit un nouveau problème surgir en Espagne : ses alliés de Ciutadans veulent nouer une alliance avec l’extrême-droite afin de gouverner la région d’Andalousie. 

Emmanuel Macron a choisi personnellement  son alter ego en Espagne : Albert Rivera, président du parti libéral Ciutadans. En Marche en France comme Ciutadans en Espagne s’auto-réclament tous deux du centre politique. Les deux mouvements pensent avoir une ADN tellement similaire qu’ils prévoient de créer une plateforme commune aux prochaines élections européennes du 26 mai prochain.

Le concept d’En Marche est de regrouper les valeurs politiques allant du centre-droit au centre-gauche en rejetant fermement les extrêmes de droite ou de gauche. Ciutadans affirme suivre la même trajectoire sur l’échiquier politique. Mais le processus d’indépendance de la Catalogne a mis à mal le positionnement centriste de Ciutadans. Défenseur irréductible de la prison préventive pour les chefs catalans, justifications des violences policières lors du référendum, refus de condamner la dictature franquiste lors d’un vote au Sénat espagnol, Ciutadans évolue toujours plus vers la droite. Jusqu’au franchissement du Rubicon : l’alliance avec l’extrême-droite.

Dimanche soir Vox, le parti frère du Front National félicité dimanche soir par Marine Le Pen, a explosé son score aux élections régionales andalouses. Vox est le mouvement d’extrême-droite qui s’est porté partie civile dans le procès de la déclaration d’indépendance catalane, réclamant 74 ans de prison pour chaque accusé. Une exposition médiatique bienveillante permet à ce parti ultra de décrocher 10 sièges au parlement andalou.

Une alliance explosive

Ciutadans  a obtenu un bon résultat aux élections andalouses avec 21 députés, tandis que le parti conservateur historique, le PP, se maintient à 26 sièges. Les trois partis pourront former une majorité et diriger la région s’ils parviennent à une alliance. C’est comme si dans la région Provence-Alpes Côte d’Azur, En Marche et le Front National formaient une coalition. La droite espagnole n’a pas la pudeur de former un cordon sanitaire face à un parti anti-avortement, anti-islam, ouvertement xénophobe et raciste.

Le leader du Partido Popular andalou Juanma Moreno, avec la bénédiction du patron national du mouvement Pablo Casado, a demandé à ouvrir rapidement un dialogue tripartite avec Ciutadans et Vox afin de former une majorité pour diriger la région.

Chez Ciutadans, on se veut plus subtil pour les éventuelles alliances. Le secrétaire général du parti orange propose de dialoguer avec tous les partis, sauf les socialistes qui gouvernent la région depuis 40 ans et sont frappés de multiples cas de corruption. Quand Ciutadans dit vouloir un dialogue avec tous les partis, il incorpore étrangement Podemos. Le parti de gauche radicale serait invité à voter pour investir un président de droite très conservateur. L’argumentaire de Ciutadans explique que l’opération empêcherait de faire entrer Vox au pouvoir en formant une sorte de Front Républicain à la française. Une idée très pétard mouillé qui a peu de chances d’aboutir.

Le plan B de Ciutadans passe bel et bien par une alliance avec Vox. Officiellement le parti n’écarte pas la coalition avec l’extrême-droite.

Contactée par Equinox Radio, la députée de la République en Marche représentant les français d’Espagne, Samantha Cazebonne botte en touche : « Je n’émets de jugement sur des sujets de politique interne espagnole que lorsqu’ils affectent directement les Français de la circonscription ». Un fin connaisseur des politiques catalanes et de Ciutadans confie à Equinox que « Ciutadans chercherait à éviter toute entrée de Vox dans une coalition, et souhaite proposer un gouvernement minoritaire appuyé par le PSOE et le PP »

Una autre voix discordante est celle de Manuel Valls, candidat soutenu par Ciutadans dans la course à la mairie de Barcelone, qui s’est faite entendre hier soir : il faut faire barrage à l’extrême-droite de Vox. Pas sûr que les propos prononcés depuis la capitale catalane soient entendus jusqu’en l’Andalousie.

 

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