Barcelone bloquée: les indépendantistes veulent faire tomber le régime

La venue du Conseil des ministres espagnol à Barcelone a déclenché un incendie qui se traduit par un blocage total de la Catalogne entre aujourd’hui et demain vendredi.

Alerte jaune à Barcelone. Le vent de rébellion venu du nord, depuis la France, souffle sur la Catalogne. Il n’est pas rare d’entendre certains indépendantistes s’agacer « qu’en France au moins, on sort dans la rue pour faire vaciller l’État ». Il suffisait d’une étincelle pour coaguler le mécontement indépendantiste. Le chef du gouvernement espagnol a eu la fausse bonne idée de délocaliser le Conseil des ministres à Barcelone le 21 décembre. « Réconciliation » a crié le Premier ministre, « provocation » lui a répondu l’écho indépendantiste.

La Catalogne profonde, du terroir et des clochers, est la plus véhémente, un point commun avec les Gilets Jaunes provinciaux. Ce n’est pas pour rien que l’association indépendantiste ANC organise une opération escargot depuis les territoires ruraux, en direction de Barcelone, la capitale catalane. L’indépendantisme organisé craint un débordement du séparatisme électron libre.

Des violences du niveau de la France sont à exclure en Catalogne. Mais une situation de confusion, de bousculades, de blocages extrêmes pourraient donner un prétexte aux secteurs conservateurs madrilènes pour forcer le gouvernement socialiste à réactiver l’article 155 de la Constitution suspendant le gouvernement catalan.

Faire tomber l’État espagnol

« Faisons tomber le régime » est le thème sous lequel les différentes chapelles et groupuscules ultra-indépendantistes se rassemblent. L’extrême gauche de la CUP et les groupes mobiles des Comités de Défense de la République (CDR) devraient jouer au jeu du chat et de la souris avec les 8.000 agents catalans des Mossos d’Esquadra, mais aussi avec les 1.000 policiers espagnols envoyés par le gouvernement central pour sécuriser le Conseil des ministres.

Des dégradations et des scènes de tension ne sont pas à exclure. Les associations indépendantistes officielles ANC et Omnium, tentent de canaliser les opérations pour éviter les dérapages dans la rue, tandis que le gouvernement catalan et les politiques prisonniers appellent à manifester, mais dans le calme et le pacifisme.

Les revendications des indépendantistes sont nombreuses: application effective de la déclaration d’indépendance du 27 octobre 2017, remise en liberté des activistes et anciens ministres en détention préventive depuis un an, dont quatre sont en grève de la faim depuis près d’un mois, et annulation du procès judiciaire.

Les ministres arrivent aujourd’hui sur le territoire catalan, une manifestation d’accueil est prévue sur la Via Laietana à 18h avec un blocage éventuel de la route. Les Mossos d’Esquadra et le parquet espagnol rappellent que selon le code pénal, faire obstruction à la tenue du Conseil des ministres est puni de quatre ans d’emprisonnement.

Le gouvernement catalan entre deux chaises

Le gouvernement indépendantiste de Quim Torra a vécu, comme souvent, une série d’interminables couacs. Le président de la Generalitat a oscillé entre le boycott du Conseil des ministres et la demande d’organisation d’un sommet bilatéral. En d’autres termes, Quim Torra veut que le Premier ministre espagnol reconnaisse que la Catalogne et l’Espagne sont deux puissances politiques égales et réclame un tête-à-tête entre les deux chefs de gouvernement. Pedro Sanchez a refusé cette formulation, bien qu’il recevra Quim Torra avec trois ministres espagnols et trois ministres régionaux catalans ce soir au Palais de Pedralbes.

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