Législatives : combat de femmes à Barcelone

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Inés Arrimadas face à Cayetana Álvarez de Toledo. Un combat qui se joue uniquement sur le côté droit du ring. L’arbitre, plus au centre, s’appelle Meritxell Batet et l’independentisme Laura Borras est en embuscade. Les quatres politiciennes sont têtes de liste sur la circonscription de Barcelone lors des prochaines législatives nationales du 27 avril. Un match de haut vol.

Inés Arrimadas est l’une des femmes politiques les plus connues dans le pays. Alors elle trouve le parlement catalan un peu petit pour elle, et profite de cette législative pour faire le grand saut vers la politique nationale et son congrès des députés madrilène.

« Son sourire et ses affichettes nous manqueront » commente, ironique, l’actuel président de la Catalogne. Quim Torra, Carles Puigdemont et Artur Mas, les présidents de la Generalitat se sont succédés face à la chef de l’opposition qui elle ne change jamais de ton. Lors des échanges théâtraux au parlement durant les sessions de questions au gouvernement, le show d’Arrimadas est toujours le même : un mélange de punchlines et de jeux de mots,  accompagnés des fameuses petites affichettes, souvent des photos ou des slogans couchés par écrit ridiculisant les indépendantistes.

Fulgurance

« Vous allez aussi interviewer les indépendantistes? Vous allez voir, ils sont complètement fous » lâchait à l’auteur de ces lignes la jeune Arrimadas après une interview en 2015. A cette époque la future députée n’est pas spécialement connue du grand public et Ciutadans est un parti catalan résiduel, logeant dans un petit appartement derrière les anciennes arènes de Monumental.

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Quatre années de processus indépendantiste plus tard, le visage politique du pays a changé et Ciutadans en a profité pour devenir un grand parti d’envergure national.

Départ et arrivée

Chassé-croisé du printemps politique : Cayetana Álvarez de Toledo fait le chemin inverse d’Arrimadas. Cette marquise de la 13e génération était députée pour le Partido Popular sur la circonscription de Madrid. Adulée par l’ancien Premier ministre Jose-Maria Aznar, Toledo fut placardisée par Mariano Rajoy à cause de ses accents ultra-droitiers.

Elle profite aussi du conflit indépendantiste pour ressusciter politiquement. Cette franco-argentino-espagnole (Toledo possède la triple nationalité)  fait donc le déplacement à Barcelone pour sauver cette terre des indépendantistes xénophobes, selon ses propres termes.

Muscles

Le duel Arrimadas-Toledo est un combat de testostérone politique : les deux femmes représentant la droite espagnole la plus musclée. Pour que les indépendantistes ne soient plus au pouvoir en Catalogne, les deux candidates ont la même recette radicale : suspendre, pour ne pas écrire supprimer, le gouvernement autonome de la Catalogne via l’article 155 de la Constitution.

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Puisque ni Ciutadans, ni le Partido Popular n’ont jamais pu obtenir le pouvoir en Catalogne, ils proposent tout simplement de passer le bulldozer sur les institutions locales.

Si Inés Arrimadas a un positionnement radical sur l’indépendance de la Catalogne, il est lui rendre justice de relever que son positionnement est plutôt centriste sur le restes des thèmes de société. Ce qui n’est pas forcément le cas de son alter ego du Partido Popular, nichée dans une frange beaucoup plus conservatrice.

Droite de la droite

« Mon fils de 6 ans vient de me dire que le costume de Gaspard n’est pas un vrai, je ne te le pardonnerai jamais Manuela Carmena ». La nuit du 5  janvier 2015, Álvarez de Toledo a mis le feu au réseau social Twitter avec cette remontrance envoyée directement à la maire de Madrid, Manuela Carmena. Le litige portait sur l’organisation du défilé des rois mages. Les secteurs les plus conservateurs de Madrid n’ont jamais supporté que la mairesse de gauche radicale donne un caractère moins traditionnel et plus modeste aux fêtes populaires espagnoles. Le tweet clivant d’ Álvarez de Toledo en est la meilleure traduction.

Adulée par les uns, détestée par les autres, la candidate du PP ne laisse personne indifférent. Comme le 8 mars dernier où Toledo se désolidarisait de la grève féministe.

Arbitre

Finalement, le duel Arrimadas-Toledo pourrait être remporté par…Meritxell Batet.

L’actuelle ministre socialiste en charge de la politique territoriale et de la fonction publique pourrait profiter de la division de la droite pour remporter l’élection. Batet, catalane d’origine et socialiste de toujours, représente la fameuse troisième voie. Celle qui n’est pas indépendantiste mais qui veut dialoguer en profondeur avec ce courant politique pourrait pactiser ensuite. Cette professeure de droit constitutionnel estime que la constitution espagnole est assez souple et généreuse pour y entrer une partie des revendications des souverainistes catalans.

L’ombre de Puigdemont

En embuscade Carles Puigdemont envoie au front l’actuelle ministre catalane de la culture, Laura Borrás. Novice en politique, Borras que certains décrivent comme la femme la plus cultivée de Catalogne est d’une fidélité sans faille envers l’ancien et l’actuel président de la Catalogne : Carles Puigdemont et Quim Torra. Les indépendantistes veulent arriver au parlement espagnol pour engager un bras de fer avec les socialistes pour investir un premier ministre en cas de majorité fragile.

Laura borras

Si Pedro Sanchez, chef du gouvernement sortant refuse d’autoriser un référendum indépendantiste, Borras et ses amis ont pour mission de tenter de bloquer l’investiture du gouvernement.

Le résultat de l’élection législative du 28 avril et la coloration politique du parlement orienteront, dans un sens ou un autre, le second vote : celui des municipales du 26 mai.

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