Migrants mineurs, quel est leur avenir à Barcelone

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En un an, le nombre d’arrivées de jeunes étrangers non accompagnés a doublé en Catalogne. Ouverture de centres, programme de travail dans le pays d’origine, le gouvernement catalan multiplie les mesures face à cet afflux.

Ils ont entre 12 et 16 ans, arrivés de l’étranger sans parents ni adulte et font partie du dispostif de protection pour les Mineurs Étrangers Non Accompagnés (MENA). Il y a quelques jours, la presse catalane publiait des clichés d’enfants et adolescents dormant dans la rue, sur des cartons, en plein centre-ville de Barcelone. Plusieurs mois auparavant, ce sont des photos d’un campement à Montjuïc qui ont été diffusées, dans lequel vivent seulement des mineurs.

En Catalogne, les « MENA » sont gérés par la Direction Générale d’Attention à l’Enfance ou l’Adolescence (DGAIA), du Département du Travail, des Affaires Sociales et Familles de la Generalitat. Lorsqu’un jeune arrive en Catalogne, il est rapidement localisé, principalement par les Mossos d’Esquadra. Le processus commence avec la police catalane et le Parquet des mineurs pour l’identifier et vérifier son âge. S’il est mineur, la DGAIA se charge de sa protection et sa tutelle. Il faudra passer tout d’abord par un centre d’urgence, avec une attention psychologique et médicale, où des vêtements sont également donnés.

Ensuite, le mineur ira dans un centre de premier accueil, où il assistera à des cours alphabétisation et des formations. « L’objectif est de préparer l’adolescent à un processus d’émancipation et d’intégration » explique à Equinox le service communication de la DGAIA. Dans certains cas, après 18 ans, ils peuvent intégrer des appartements d’autonomie ou des résidences pour jeunes.

Alors pourquoi les Barcelonais aperçoivent des mineurs livrés à eux-mêmes? Tout simplement car les centres d’accueil ne sont pas des lieux fermés tels que les centres judiciaires. Les adolescents ont le droit d’effectuer des activités à l’extérieur, comme aller en cours ou au cinéma avec leurs amis. Des moments durant lesquels certains en profitent pour fuguer. Si un mineur manque dans le centre, il est signalé aux Mossos d’Esquadra qui devront le retrouver et le raccompagner au centre. « Il est vrai qu’il existe des jeunes réfractaires au système dont le cas s’avère plus compliqué. Ce sont aux éducateurs des services sociaux des mairies de les convaincre de changer leur situation » confie la DGAIA.

Le système dépassé par les arrivées massives

Si le processus est bien rôdé en Catalogne, la situation face à l’afflux de mineurs suscite des interrogations. Leur arrivée s’est intensifiée au cours de ces dernières années affirme la DGAIA. Le service a communiqué à Equinox les chiffres officiels. En 2017, ils étaient 1.489 et en 2018, 3.659. « La majorité atteint le pays par la frontière sud, du Maroc à l’Andalousie, nous explique-t-on, en se basant sur nos données, on prévoit pour cette année 5.500 nouveaux jeunes au total ».

Selon les statistiques de décembre 2018, 97,6% sont des garçons, 80,7% arrivent du Maroc et 12,4% d’Afrique subsaharienne et le reste de divers pays. Beaucoup ont entre 15 et 17 ans.

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« L’arrivée massive a tendu le système, mais un immense effort a été fait, en collaboration avec les entités sociales et les municipalités pour ouvrir des centres et des places afin qu’aucun mineur ne soit en dehors du système » affirme la DGAIA. Entre juin 2017 et décembre 2018, plus de 2.500 places ont été créées dans plus de 150 centres, répartis dans 80 communes de Catalogne. Il y a encore quelques années, le rythme d’ouverture de centres était de trois ou quatre par an, aujourd’hui face à l’urgence, un à deux par semaine. Outre des lieux d’accueil, le service affirme travailler également sur l’insertion sociale et dans le monde du travail des mineurs.

En parallèle, d’autres mesures s’appliquent. Un centre réservé aux filles a été ouvert il y a trois mois. Un centre d’attention immédiate, où seront présents à la fois des agents de police et des éducateurs, devrait également ouvrir pour une prise en charge rapide et éviter aux enfants d’attendre dans un commissariat.

L’insertion plutôt que l’expulsion

De son côté, Chakir el Homrani, ministre catalan du Travail, des Affaires sociales et de la Famille cherche à remettre en place le programme Catalogne Maroc, actif de 2005 à 2012, afin de créer des opportunités professionnelles dans le pays d’origine des mineurs. Plusieurs visites sont prévues pour mettre en place le programme, notamment en collaborant avec des entreprises catalanes sur place afin qu’elles embauchent des mineurs.

Fin mai, l’Espagne et le Maroc signaient un accord pour favoriser l’expulsion des jeunes Marocains du territoire espagnol, mais il ne s’est pas encore traduit dans les faits ni d’un côté ni de l’autre de la Méditerranée. Toutefois les autorités espagnoles exigent désormais la présence d’une délégation marocaine chaque fois qu’un nouveau mineur est identifié, avec notamment un éducateur, un procureur pour mineurs et un interprète, afin de déterminer leur exacte commune d’origine et ainsi faciliter leur expulsion.

Le ministre de l’Intérieur espagnol Fernando Grande-Marlaska assure quant à lui que sa priorité est de « garantir le respect des droits de l’enfant » et que ces jeunes peuvent, dans tous les cas, refuser d’être expulsés. La police n’utilisera en aucun cas la force pour les renvoyer dans leur pays d’origine: aucune expulsion de force ne sera appliquée par l’Espagne. Une situation qui peut changer en revanche dès leur majorité.

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