Dalí et Gainsbourg, une histoire d’amour moi non plus

medecin français à Barcelone

Le journaliste Pere Francesch Rom publie aux éditions Calligraf un essai en catalan sur la relation méconnue entre les deux artistes: Gainsboug i Dalí, moi non plus

Photo: Serge Gainsbourg métamorphosé en Dalí par Roberto Battistini en 1989

Il n’existe aucune photographie d’eux deux réunis. Aucune vidéo, aucune émission télévisée, ni même aucun projet artistique commun. Pourtant Serge Gainsbourg et Salvador Dalí se sont bien croisés, parlés, appréciés, influencés. Le journaliste Pere Francesch Rom, journaliste culture pour l’agence de presse catalane ACN, est parti sur leurs traces, de Paris à Cadaquès, et nous emmène avec lui dans sa longue quête humaine et artistique.

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Pere Francesch Rom, auteur de Gainsbourg i Dalí, moi non plus © Pau Cortina

Car il aura fallu huit ans au journaliste pour terminer son livre. Des années d’enquête, de découvertes étonnantes, mais aussi des moments de doute où l’ouvrage a été mis en pause, des demandes d’interviews restées sans réponse, égrenées par les annonces de décès de témoins de premier plan, symptomatiques d’une histoire qui appartient déjà au passé. L’auteur a tenu à partager sa difficile entreprise tout au long de son ouvrage. « Je n’aime pas spécialement être le protagoniste, ce fut un peu une lutte contre ma propre timidité, mais je tenais à ce que le lecteur m’accompagne, qu’il soit surpris quand je suis surpris, qu’il rit quand je ris, je ne voulais rien cacher » raconte avec passion ce fan inconditionnel du premier album conceptuel de Gainsbourg L’histoire de Melody Nelson.

Des pionniers dans l’art de la provocation médiatique

La relation entre les deux artistes a débuté alors que le jeune peintre Lucien Ginsburg ne vivait pas encore de sa musique, et que Salvador Dalí, de 24 ans son aîné, connaissait déjà la gloire internationale. La fiancée de Gainsbourg loue alors une chambre dans le vaste appartement de Dalí, le jeune homme de 19 ans sera durablement marqué par le luxe mêlé à la folie artistique de l’endroit. Bien des années plus tard, il reproduira chez lui la chambre de Dalí, entièrement peinte en noir, et achètera même une oeuvre du peintre catalan.

Les deux hommes se croiseront dans des dîners, des événements, tenteront même de travailler ensemble, mais le projet finit par avorter. « Cela arrivait très souvent avec Dalí » précise Pere Francesch Rom. Le journaliste estime toutefois que ce début de collaboration inspirera finalement au Français sa Décadanse en 1973.

salvador dali interview

Comme Gainsbourg, Dalí était un habitué des plateaux télévisés

Quelques années auparavant, Gainsbourg avait déjà fait sienne une célèbre formule du peintre interrogé sur son rapport avec Pablo Picasso : « Picasso est espagnol, moi aussi ! Picasso est un génie, moi aussi ! Picasso est communiste, moi non plus ! ». 

Parmi leurs nombreux points communs, les deux artistes ont su utiliser les médias avec talent et avaient créé un alter ego public bien plus scandaleux, parfois détestable, qu’eux-mêmes. « Ils furent des pionniers dans l’art de la provocation, et ils savaient se réinventer, poursuit Pere Francesch Rom, s’ils étaient là à notre époque, je suis sûr qu’ils utiliseraient Twitter pour générer sans cesse des polémiques et qu’ils seraient ravis de lire toutes les réponses, même très négatives, de leurs nombreux abonnés ».

 


Gainsbourg i Dalí, moi non plus, par Pere Francesch Rom, éditions Calligraf.

Présentation du livre par l’auteur le 15 novembre à la librairie Pati Blau (Carrer de la Verge del Pilar à Cornellà de Llobregat), le 1er décembre à Montbrio del Camp et le 31 janvier au centre de lecture de Reus. Le livre dispose aussi d’un compte twitter et d’une liste Spotify pour accompagner sa lecture.

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