Le parlement espagnol inaugure la législature dans une session polémique

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Suite aux élections du 10 novembre, le parlement espagnol s’est constitué ce matin pour ouvrir la 14e législature. La socialiste catalane Meritxell Batet a été élue présidente du congrès des députés. L’extrême-droite occupera la vice-présidence du parlement.  Une session parlementaire rythmée par les polémiques. 

La séance n’est pas encore ouverte que le premier scandale éclate dans les travées du palais de la calle San Jerónimo de Madrid. Lors de la séance constituante, les places ne sont pas assignés pour les députés au sein de l’hémicycle. Une absence de cadre réglementaire qui s’est traduite par une bousculade entre les députés de Vox (extrême-droite) et ceux de Ciudadanos (droite libérale). Suite aux législatives de novembre, Vox passe de 20 à 52 parlementaires  tandis que Ciudadanos a fondu de 57 députés à seulement 10. Quand Inés Arrimadas et ses compagnons de Ciudadanos ont voulu s’asseoir au centre du parlement comme c’était le cas lors de la précédente législature, les  emplacements étaient déjà occupés par les membres de Vox, provoquant éclats de voix et bousculades entre les deux partis politiques. Le groupe de Ciudadanos a dû se réfugier dans « le poulailler » les travées situées tout en haut de l’hémicycle sans aucune visibilité.

Une fois la séance officiellement ouverte, c’est la secrétaire provisoire du bureau du parlement qui a provoqué un nouveau scandale. Marta Rosique ( gauche catalane indépendantiste – ERC ), en qualité de parlementaire la plus jeune de la chambre, était chargée de lire à voix haute les noms des 350 députés élus. Rosique, vêtue d’un teeshirt sur lequel était inscrit le mot « independencia », en a profité pour ajouter les noms d’Oriol Junqueras, Quim Forn, Jordi Turull et Jordi Sànchez, quatre leaders indépendantistes catalans incarcérés qui n’ont pas pu se présenter aux élections suite à leur condamnation par le Tribunal Suprême. Un geste qui a valu à Marta Rosique un rappel à l’ordre par le président provisoire du parlement.

A 11h a débuté l’élection de la présidente du parlement : la socialiste catalane Meritxell Batet a été investie. Une nouvelle anecdote a marqué ce moment. Les députés doivent se déplacer jusqu’à l’urne pour déposer leur bulletin. Adriana Lastra, qui par ailleurs est en charge des négociations avec les indépendantistes catalans pour investir Pedro Sanchez premier ministre, s’est tordu la cheville en allant déposer son bulletin dans l’urne. La malheureuse a été sortie de l’hémicycle en fauteuil roulant, pendant que des malicieux sur Twitter voyait ici une métaphore sur les négociations avec les Catalans.

En guise de vote, les parlementaires du parti de Puigdemont ont glissé dans l’urne des papiers sur lesquels est inscrit le mot « liberté ».

indépendantiste catalanA 13h, le bureau du parlement a été élu avec une majorité socialiste et Podemos. Cependant pour la première fois depuis  le rétablissement de la démocratie, un parlementaire d’extrême-droite est élu au sein de l’organe de direction du parlement. La droite du Partido Popular n’a pas souhaité mettre en place un cordon sanitaire comme le demandait les socialistes et a permis l’élection de Gil Lázaro à la vice-présidence du parlement espagnol.

Toujours pas de gouvernement en Espagne

Le parlement inaugure sa 14e législature qui sur le papier doit durer 4 ans. Dans les faits elle pourrait être beaucoup plus courte. Le Premier ministre par interim Pedro Sanchez, avec seulement 155 parlementaires socialistes et de Podemos qui le soutiennent, n’a pas la majorité nécessaire pour être investi à la tête du gouvernement espagnol. Pour obtenir l’aval du parlement, Pedro Sanchez a mathématiquement besoin des 13 élus de la gauche indépendantiste catalane. Les négociations entre le PSOE et ERC ont débuté la semaine dernière.

La gauche catalane demande une table ronde entre les gouvernements catalan et espagnol pour dialoguer de la question du droit à l’autodétermination. Sur la table, ERC pose également le dossier de l’amnistie des prisonniers catalans et surtout veut que les propositions de Pedro Sanchez comportent une date afin de ne pas être reléguées aux calendes grecques. Des demandes très fortes que le socialisme ne peut pas satisfaire, tant la question de l’indépendantisme est sulfureuse dans le reste de l’Espagne.  La possibilité d’une nouvelle élection législative plane si aucun accord n’est trouvé. Un extrême qu’aujourd’hui tout le monde rejette à Madrid comme à Barcelone. Les négociations pourraient durer jusqu’au début 2020.

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