Anaïs, Française à Barcelone atteinte du coronavirus: « le personnel soignant est extraordinaire »

Française résidant à Barcelone, Anaïs 28 ans est affectée par le coronavirus. Actuellement à l’Hospital Clínic, elle raconte son expérience, des premiers symptômes à la prise en charge médicale, et garde le sourire. Témoignage.

Quand as-tu commencé à avoir les symptômes ?

Les symptômes ont commencé il y a une dizaine de jours. J’ai eu en premier une toux très sèche, mais je n’étais pas inquiète. Quelques jours plus tard, j’ai eu des courbatures. Je ne pouvais plus me lever du lit, j’avais l’impression d’avoir couru trois marathons. C’est à ce moment-là que la toux a empiré, elle s’est accompagnée des premières difficultés à respirer. Une sensation que je connais bien étant asthmatique. Je surveillais beaucoup ma fièvre comme la psychose autour du virus commençait, mais je n’en avais pas donc je n’étais pas inquiète. Apparemment, ce qui est caractéristique de cette maladie, c’est que ça empire surtout à la fin de la première semaine. Ce fut mon cas, j’ai été à un point où je ne passais pas une minute sans tousser.

Tu pensais être positive au coronavirus ?

Pour le vérifier, mon premier réflexe a été d’appeler le 061, le numéro pour le dépistage du coronavirus. Mais le médecin au téléphone m’a dit de ne pas m’inquièter car je ne connaissais personne de malade. Je suis allée au CatSalut, ma médecin m’a prescrit du paracétamol et de la ventoline, comme une grippe normale. Mais après ce rendez-vous je n’étais pas rassurée, je sentais que quelque chose n’allait pas.

Comment s’est déroulé le processus à l’hôpital ?

J’avais une nouvelle consultation quatre jours après pour faire un suivi. Ma médecin était inquiète, elle avait l’impression que l’air ne se distribuait pas de façon homogène dans mes poumons. Elle m’a tout de suite isolé et a appelé une unité spéciale. Ils se sont coordonnés pour savoir à quel hôpital ils m’envoyaient et avec quelle ambulance pour limiter les risques de propagation. On a dû rester plusieurs heures ensemble car le numéro était saturé.

Je suis passée par les urgences classiques. Avant de faire le test du coronavirus, leur priorité fut la radio des poumons et la prise de sang. Ils ont trouvé un début de pneumonie donc ils ont décidé de me faire le test. Ils appellent ça le frottis, il frotte un coton-tige sur la langue et un autre dans les narines. J’ai attendu dans une grande salle le résultat, puis étant l’un des cas les plus préoccupants de l’hôpital j’ai été isolée dans une vraie chambre, avec enfin un vrai lit. On m’avait annoncé entre 12 et 15h d’attente pour les résultats, mais j’ai attendu un jour et demi.

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La chambre d’Anaïs à l’Hospital Clínic.

Sais-tu comment l’as-tu contracté?

Non, c’est très difficile de savoir. Au début les médecins faisaient beaucoup de recherches pour trouver l’origine du virus, mais aujourd’hui il y a tellement de personnes infectées qu’ils ne peuvent plus le faire. Ils n’obligent même plus les proches à effectuer la quarantaine car ils estiment que le virus est partout. Ça peut être au restaurant, au travail, dans la file d’attente du supermarché, je ne saurai jamais.

Qu’est-ce que tu as ressenti quand tu as appris le résultat ?

D’un côté ce fut un choc et d’un autre un soulagement. Les jours précédant le résultat ont été très difficiles psychologiquement.

Quelle est l’ambiance à l’hôpital ?

Le service de maladies infectieuses étant complet, je suis à celui de traumatologie. Comme je suis isolée je ne vois personne, juste les infirmières pour les médicaments et le médecin une fois par jour. On sent une ambiance tendue mais le personnel est extraordinaire. Le protocole pour entrer dans la chambre est long, ils font toujours au plus vite car ils sont très exposés. Ils sont souriants, sympathiques et viennent aussi prendre des nouvelles à travers la porte. Dès fois j’entends tousser je me sens moins seule, mais je n’ai aucune nouvelle des autres patients je ne sais pas qui ils sont.

As-tu le droit aux visites ? Au téléphone et Internet ?

Les effets secondaires du traitement ne sont pas agréables mais le plus dur c’est de ne pas recevoir de visites. J’essaye de travailler sur le mental, car je vais rester mininum quinze jours. Je m’occupe beaucoup avec Netflix, les réseaux sociaux, j’essaye de répondre aux gens qui sont inquiets.

Est-ce que tu te sens informée ?

Oui grâce à la visite tous les matins du médecin. Il m’explique bien, répond à mes questions. Je me sens vraiment bien entourée. Dans mon malheur, je suis très chanceuse d’être dans de si bonnes conditions.

Que penses-tu des mesures actuelles ? 

Je pense que les mesures sont très bien, mais comme d’autres personnes j’estime qu’elles auraient dû être prises plus tôt. En comparant avec la France dimanche, je trouve qu’en Espagne on a pris les bonnes mesures. J’essaye de pas regarder tout le temps les informations car ça m’inquiète un peu. Le nombre de malades augmente car c’est trop tôt pour ressentir l’effet des mesures mais d’ici une petite période les chiffres reflèteront les restrictions.

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