Compagnies low cost: les vols à bas prix menacés par la crise

ryanair aéroport barcelone

Touché de plein fouet par la crise du coronavirus, le secteur aérien devrait mettre du temps à revenir à la normale. Les compagnies pourraient se voir contraintes de diminuer leur capacité et par conséquent, augmenter le prix des billets. Les vols low cost pourraient-ils, à terme, disparaître ? Éléments de réponses. 

La Commission européenne, qui recommande de ne pas réserver ses vacances d’été pour le moment, travaille sur les conditions de retour du grand public dans les avions. Une des mesures sanitaires évoquée serait d’éliminer le siège central en cabine, réduisant la capacité des avions à 66%. Or pour être rentables, les compagnies low cost proposant des prix attractifs nécessitent au moins 70% de leurs sièges occupés. Dans ce cas, elles devront augmenter le prix de leurs billets pour assurer un minimum de bénéfices. Face à une telle mesure, le PDG de Ryanair, Michael O’Leary, a réagi dans une interview au Financial Times: « soit les Etats paieront les 34 % de nos sièges vacants, soit nous ne volerons pas ». 

Une reprise à bas coût

Sur les comparateurs de vols en ligne, on observe déjà que l’écart se resserre entre les prix des low cost et ceux des compagnies traditionnelles. Par exemple, Ryanair et Air France affichent de manière identique un prix moyen de 60 euros pour un vol entre Paris et Barcelone en juillet. La raison ? Premièrement, la baisse de la demande après la crise entraînera de fait une réduction globale des prix. En effet, les compagnies traditionnelles ont diminué leurs tarifs de 41% par rapport à la même période de l’année précédente pour alimenter la demande, tandis que les low cost ont augmenté le prix moyen de leurs billets de 37%. Sur les vols en court-courriers internes, comme vers les Baléares ou les îles Canaries, Air Europa ou Iberia égalent déjà Vueling et Ryanair, les compagnies low cost les plus utilisées en Espagne.

Guerre des prix, faillites: le modèle low cost menacé ?

Le coronavirus a déjà changé les règles du jeu au point que la compagnie low cost Norwegian a déjà mis en faillite plusieurs de ses filiales en Suède et au Danemark. « Il s’agit de la crise la plus profonde jamais traversée par notre industrie » a commenté le directeur général de l’Association internationale du transport aérien (IATA), Alexandre de Juniac, appelant les gouvernements à l’aide face à l’arrivée d’« une crise de liquidités ».

Cependant, les grandes compagnies low cost ont peu de chances de couler. Elles devraient au contraire profiter de la baisse récente du prix du pétrole car leurs dépenses en dépendent en grande partie. Wizz Air et Ryanair consacrent 33% de leurs coûts au carburant contre seulement 20% pour Air France et Lufhtansa. Concernant leurs liquidités, elles n’auront en outre pas besoin de contracter un emprunt. En effet, ces compagnies low cost étant propriétaires de l’ensemble de leur flotte, leur appareils cloués au sol coûtent beaucoup moins cher que ceux des grandes compagnies, qui louent souvent leurs avions.

De plus, les vols intérieurs puis ceux vers l’Europe seront les premiers à reprendre après la crise, au profit des compagnies low cost comme Vueling qui opèrent la quasi totalité de leurs vols sur le continent.

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L’aéroport Barcelona-El Prat désert. Accès au contrôle de sécurité du Terminal 1. ©Mané Espinosa

Selon l’IATA, les conséquences de la pandémie du Covid-19 en Espagne sont lourdes: 114 millions de passagers en moins, ce qui a entraîné une perte de revenus de 15,5 milliards de dollars, mettant en péril 901 300 emplois et 59,4 milliards de dollars de contribution à l’économie espagnole.

À Barcelone-El Prat, le trafic aérien reprendra progressivement. L’aéroport enregistre au mois de mars une baisse de 64,3% de ses passagers, et le bilan sera certainement plus lourd au mois d’avril. À l’avenir, il faudra s’attendre à une hausse des prix générale, conditionnée par la reprise de la concurrence. Les low cost devront s’adapter à la transformation du transport aérien qui verra disparaître les compagnies les plus faibles. En revanche, selon les experts du secteur, les leaders du marché low cost, tels que Ryanair, EasyJet ou Wizz Air, sont dans des dispositions favorables pour relancer leur activité et pérenniser leur modèle à bas coût.

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