Coronavirus Barcelone : le chassé-croisé des expatriés français

medecin français à Barcelone

Coronavirus Barcelone. Chaque été, le bal des arrivées et départs de Français à Barcelone est lancé. Mais, quelle tendance se dessine depuis le début de la crise sanitaire ? Éléments de réponse. 

« J’ai discuté avec des Français de Barcelone, ils m’ont tous dit : Fonce ! C’est génial d’y vivre. Alors me voici » Julia, 26 ans s’est installée dans la capitale catalane en juillet. Elle a décidé de quitter la région parisienne pour vivre une expérience inédite à l’étranger. Comme elle, de nombreux Français tentent l’aventure catalane. Néanmoins, la crise sanitaire alimente beaucoup d’incertitudes : quel sera le coût de la vie à Barcelone ? Comment l’Espagne va-t-elle gérer la crise économique qui se profile ? Comment la ville continuera-t-elle à gérer la pandémie ? Autant de questions qui ont poussé certains Français à quitter la capitale catalane.

Coronavirus Barcelone : la crise a renforcé le départ des Français

Entre le 27 avril et 7 mai, Emploi Espagne diffusait une enquête aux expatriés français. Au total, 4.362 personnes y ont répondu. Résultat : 82 % des sondés envisagent un retour en France. « Un chiffre énorme » confie Pierre-Olivier Bousquet, Président de l’Union des Français à l’Étranger (UFE) Catalogne. Parmi eux, 42 % soit 4 sondés sur 10 ont des enfants scolarisés. À travers ce questionnaire, notre expert voyait déjà se dessiner un profil type de Français sur le départ.

Effectivement, « souvent, une famille avec deux ou trois enfants, plutôt bien implantée, dont les parents ont, soit de bons postes, soit un commerce ou une entreprise, décide de s’en aller » remarque Pierre-Olivier. Un départ souvent précipité ou soutenu par la crise sanitaire.

C’est le cas de la famille Rouault-Dapp. Elle avait, initialement, choisi de se confiner en France. « On pensait rester deux semaines puis revenir à Barcelone, se remémore Marine Dapp 34 ans, mais la crise a accéléré le départ de la famille vers Bordeaux ». Avant le confinement, l’agence de publicité pour laquelle travaille Pierre Rouault lui proposait une mutation à Paris. Dans un premier temps, le Français envisageait de faire des aller-retours. « C’était plus sécurisant pour les enfants et moi de rester là, on est bien installés ici, depuis quatre ans dans le quartier de Gràcia » commente-t-elle.

Or, la crise sanitaire et le confinement en France ont tout simplement provoqué leur déménagement. La Française a cherché un emploi à Bordeaux. Une fois trouvé, tout s’est enchaîné, Marine, Pierre et leurs deux enfants de 3 ans et demi et 6 ans, ont rejoint définitivement la capitale girondine le 1er juillet dernier.

Premier pique-nique de la famille Rouault-Dapp dans leur nouvel appartement bordelais.

Incertitude sanitaire

Le risque sanitaire reste évidemment la raison première de départ ou de report d’expatriation. Pierre Rouault confie être plus rassuré en France. « Pendant quatre ans, j’ai eu des problèmes au niveau du suivi médical en Espagne. Être suivi en France et parler tout simplement dans ma langue maternelle me rassurent davantage. »  

À la fin du confinement, de nombreux Français s’apprêtaient à venir à Barcelone. Mais, les mesures sanitaires, les annonces de Quim Torra ainsi que les déclarations de Jean Castex ont freiné leur départ. « Nous avons toute une série de gens qui ont annulé leur rendez-vous au commissariat de police pour faire le NIE car ils avaient peur d’être contaminés » confie Audrey Marin Laflêche, fondatrice de Plug & Play. « Les gens sont indécis, effrayés. La Catalogne passe pour une zone infestée, une région à risque » commente Pierre-Olivier Bousquet.

Une économie fragilisée

Autre facteur de départ : la crise économique à venir. Avec une chute du PIB espagnol de 18,5 %, l’Espagne est l’un des pays européens les plus touchés par les conséquences économiques de la crise sanitaire. « Les nombreuses incertitudes quant à l’avenir économique du pays ont poussé certains Français à quitter la ville » analyse Pierre-Olivier Bousquet.

Pour certaines familles, leurs activités professionnelles complètement à l’arrêt durant le confinement ont engendré des pertes financières conséquentes. Difficile d’assurer le même train de vie avec des milliers d’euros en moins. « Très vite, nous avons compris, que vu nos professions, […] notre avenir ici serait compromis, écrit Fanny sur son blog Babymeetstheworld. Les perspectives pour l’entreprise ne sont pas bonnes, il n’est pas concevable de penser rester, être à nouveau confiné…. Voir nos économies s’envoler. » La blogueuse a quitté Barcelone cet été en raison des retombées économiques liées au Covid-19.

Des frais de scolarité trop difficiles à assumer

Selon les experts contactés, les familles recherchent avant tout une sécurité financière. D’où leur retour en France. De l’autre côté des Pyrénées, les couples avec enfants à charge peuvent, effectivement, recevoir des aides de l’État. Ce qui n’est pas le cas en Espagne.

« En France, l’école est gratuite, souligne Audrey Marin Laflêche, cela soulage les familles dont les enfants sont inscrits au Lycée Français de Barcelone ». En effet, les frais de scolarité de l’établissement avoisinent les 5.000 euros. « Ces dépenses peuvent être un moteur de retour en France » juge Pierre-Olivier Bousquet.

Coronavirus BarceloneÀ noter que les frais de scolarité pour la nouvelle année scolaire « augmentent de 2 % » précise Hélène Monard, membre de l’association des Parents d’élèves du lycée Français de Barcelone (APE).

Selon la fondatrice de Plug & Play, les départs des élèves de l’établissement sont importants « environ 200 selon les retours du consulat français ». Toutefois, Hélène Monard nuance : « à la fin du mois de juin, l’établissement nous indiquait ne pas avoir reçu beaucoup de demandes de désincriptions mais en réalité, nous pensons que nous saurons vraiment ce qu’il en est, seulement à la rentrée ».

Pourquoi les Français s’installent à Barcelone ?

Là aussi, un profil type se dessine. Les Français qui se lancent en Catalogne ont souvent « entre 25 et 35 ans, sont hautement diplômés et exercent un métier pouvant être assuré en télétravail » constate le président de l’UFE Catalogne. C’est le cas de Julia, 26 ans, titulaire d’un bac + 5 école de commerce, master de communication et média. La jeune Française travaille dans l’industrie textile, au service communication.

Dès le déconfinement, elle décide de quitter la France. Rapidement son choix se porte sur Barcelone. Son capital sympathie séduit toujours autant. La plage, le coût de la vie plutôt bas et « le mode de vie à l’espagnol », c’est-à-dire moins stressant, font de la ville l’une des plus attractives d’Europe.

La jeune Française raconte à Equinox : « Après avoir passé toute ma vie à Paris, c’est génial d’avoir la plage à côté. J’ai un rythme de vie sans trop de stress. En période de Covid-19, c’est compliqué de réellement sentir l’énergie de Barcelone, mais elle est quand même présente. Je l’ai observée les peu de fois où les bars ont pu ouvrir après minuit.  »  

Julia compte rester deux à trois ans à Barcelone, avant de rentrer à Paris. « J’ai quitté la capitale française pour mieux la retrouver  » sourit-elle.

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