Les livres et rendez-vous littéraires d’octobre à Barcelone

Tous les premiers mercredis du mois, la librairie française Jaimes nous recommande les dernières nouveautés, sous la plume du libraire Christian Vigne.

Edgar MORIN a été réanimé à sa naissance par les baffes d’un gynécologue, victime en 1921 de la grippe espagnole qui tua sa mère à retardement, dix ans plus tard, de lui avoir tant affaibli le cœur. Edgar MORIN a aujourd’hui 99 ans, comme le temps passe, et se trouve confronté à cette nouvelle forme virale contemporaine qui l’incite à nous adjurer de changer de voie, reprenant toute sa dimension de philosophe et sociologue. Cependant, le préambule de ce livre qui nous transporte de 1921 à aujourd’hui nous rappelle que le petit Edgar est l’enfant de toutes les crises, de la guerre, des révolutions, des crises idéologiques et nous suggère donc, par la même occasion, de nous attendre à l’inattendu ou de prévoir que l’imprévisible peut advenir.
« Changeons de voie » Edgar MORIN. Ed. Denoël.

20201007 131127Ce voyage à travers les âges a été engagé par Erik ORSENNA, parti sur le chemin du monde et de l’Histoire avec un cochon.
Le cochon, certes, en voit de toutes les couleurs et ça n’est pas nouveau. Exploité, surexploité, pour sa viande comme pour sa symbolique, l’animal partage pourtant avec nous 95% de ses gênes. Moyennant quoi, on lui en fait quand même subir des vertes et des pas mûres d’abord sous prétexte qu’en lui tout est bon, ensuite parce qu’il est un symbole. En 2009 l’Égypte en fait abattre 250.000, prétendant qu’il transmet une grippe porcine qui ne l’était pas, dans le seul but d’affaiblir les Chrétiens du pays.

On l’égorge, on l’avale, on lui prélève des valves pour nos cœurs malades, de l’insuline… Quelle existence ! Éric Orsenna, s’en sert aussi pour nous proposer une sorte de voyage à l’intérieur de la mondialisation parce que la bête est élevée comme on se mondialise ; industrialisation à outrance de son élevage, maltraitance, pollution, dérèglements en tous genres.
Un point commun avec son prédécesseur : « Une tempête nous ramène toujours à l’essentiel »
« Cochons, voyage au pays des vivants » Erik Orsenna. Ed Fayard

20201007 133357Loin de ces questions, Laurent MAUVIGNIER nous présente ses HISTOIRES DE LA NUIT, éd de Minuit. Laurent Mauvignier fait partie de ces rares auteurs dont l’univers se propose sans vulgarité au lecteur, disons sans l’aguicher, sans lui servir ce qu’il veut entendre, sans récupération des résidus des pensées contemporaines dominantes. La forme est habituellement intimiste, le nombre de pages réduit, les affaires sont difficiles à résumer parce qu’à s’attacher aux évènements on y perdrait l’essentiel.

Mais voici qu’il nous propose un roman de 635 pages qui pourrait ne pas surprendre au début tant l’absence de faits centre le lecteur sur l’écriture. Tout est donc dans notre ligne habituelle, puis peu à peu l’arrivée de deux personnages dans la vie des quatre autres dont il nous a été donné de partager l’équilibre relationnel complexe fait dériver l’œuvre vers ce qu’il faudrait bien appeler un thriller.

EN BREF

Bonne nouvelle, Jaimes reprend ses activités. Clubs de lecture, animations pour enfants et conférences sont organisés chaque semaine.

Parmi les événements incontournables, la librairie organise un cycle de littérature haïtienne autour des romans actuels, tous les premiers et troisièmes vendredis du mois. Ce samedi aura lieu la toute première séance gratuite, avec Mireia Porta traductrice et spécialiste de la littérature haïtienne.

Samedi, c’est aussi l’heure du conte en français et en catalan. Deux ateliers de « J’aime les samedis avec Sabrina » se tiendront à 12h et 17h.

Réservation à [email protected] – Plus d’infos sur le site officiel ici.

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