Vaccination Covid : L’Espagne retient son souffle

Covid Catalogne

Demain dimanche 27 décembre commence l’historique campagne de vaccination en Espagne contre la Covid-19. Entre doute, crainte et espoir.


Lire aussi : L’Espagne annonce la liste des prioritaires pour le vaccin


Le doute

Après 10 mois de pandémie, le doute est présent quant à l’efficacité de la campagne de vaccination. Si 70% de la population espagnole ne se vaccine pas, l’immunité de groupe ne sera pas atteinte et l’épidémie sera difficilement contrôlable. Pour le moment, seuls 25% des Espagnols indiquent vouloir se vacciner immédiatement et sans condition.

Le premier test grandeur nature aura lieu à partir de demain. La campagne de vaccination commence avec les maisons de retraite, leurs résidents et personnels soignants. Le gouvernement envisage de demander aux personnes ne voulant pas le vaccin la motivation de leur refus pour pouvoir orienter sa communication et répondre avec pédagogie aux légitimes interrogations de la population.

La crainte

Les vaccinologues sont dans la crainte des vagues de Covid-19 menaçant le bon déroulement de la campagne. Pour que celle-ci se passe dans des conditions optimales, il faudrait qu’il y ait une moyenne de 25 patients contaminés pour 100.000 personnes. On en est loin avec actuellement une moyenne de 300 cas pour 100.000 habitants.

« Durant la vaccination, la troisième vague pourrait débuter tandis que la deuxième n’est pas encore achevée » s’inquiète Ildefonso Hernández, porte-parole de la Société espagnole de santé publique. Trois conséquences de ce postulat se dégagent.

Premièrement, les soignants des Centres d’attention primaires (CAP) pourraient ne plus suivre le rythme. Ce personnel soignant est en charge de la gestion des personnes malades du Covid-19 (les cas les moins graves), de la réalisation des tests PCR en masse et maintenant de la campagne de vaccination. Face à un personnel épuisé, burn-outé après 10 mois de guerre sanitaire, le collapse n’est pas exclu.

Deuxièmement, les personnels des CAP tirent la sonnette d’alarme. Depuis le début de la pandémie, les médecins ne peuvent plus traiter les autres pathologies. Il faut savoir qu’en Espagne, les CAP cumulent à la fois la fonction d’urgences médicales et de médecins de famille. Ces derniers, depuis le déclenchement de la crise, traitent leurs patients réguliers par des consultations téléphoniques et rédigent des ordonnances virtuelles à distance. Une situation précaire qui pourrait durer jusqu’à la fin de la campagne de vaccination en été et poser un sérieux problème de santé publique.

Troisièmement, plus le nombre de personnes contaminées est élevé durant la campagne de vaccination, plus le risque qu’une personne recevant le vaccin contracte en même temps le Covid-19 est important. On rappelle qu’entre la première injection et l’obtention de l’immunité, il faut attendre un mois (dont un rappel au bout de 21 jours). Si durant ce laps de temps une personne se contamine, il faudra que les pouvoirs publics puissent expliquer avec pédagogie qu’il ne s’agit pas du vaccin qui serait inefficace.

L’espoir

En dernier lieu arrive l’espoir. « La lumière apparaît à la fin du tunnel même si la route est encore longue »; « C’est le début de la fin du Covid-19 mais ce n’est pas encore la fin » sont les formules préférées du gouvernement espagnol.

Si tout se passe comme le prévoient les autorités, l’épidémie serait sous contrôle durant l’été 2021.

Recommandé pour vous

medecin français à Barcelone