Les indépendantistes catalans se repartissent le pouvoir

medecin français à Barcelone

Junts Per Catalunya, le parti de Carles Puigdemont, et Esquerra Republicana de Catalunya, la gauche indépendantiste, travaillent sur la conception du prochain gouvernement. La date légale du débat d’investiture du prochain président catalan est vendredi. 

Pere Aragonès, l’indépendantiste modéré de gauche, devrait devenir le 132e président de la Catalogne ce week-end. Théoriquement, le débat d’investiture commence vendredi au parlement mais les deux partis de la coalition gouvernementale sont loin d’avoir achevé leur négociation.

Contrairement à la France, le 14 février dernier, les citoyens catalans n’ont pas voté directement pour le président mais pour des députés. A partir de vendredi, les 135 parlementaires doivent investir le président. Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) possède 33 députés et le président sera donc issu de ses rangs, la place revenant à la tête de liste Pere Aragonès. Pour former sa majorité, ce dernier doit compter avec les députés de Junts Per Catalunya au nombre de 32. Face à l’étroitesse du résultat sorti des urnes, le parti de Carles Puigdemont réclame la moitié du gouvernement. Il faut aussi compter dans l’équation la dizaine d’élus d’extrême-gauche indépendantiste de la Cup.

Répartition des ministères

Aragonès président, la numéro deux du gouvernement sera la très proche de Carles Puigdemont, Elsa Artadi. Celle-ci occupera le ministère de l’Économie. Point de fracture, ERC veut garder la gestion du pactole des fonds européens destinés à la relance économique de la Catalogne. Junts veut que les fonds soient dirigés par Elsa Artadi via le ministère de l’Économie, tandis qu’ERC souhaite disposer des budgets directement depuis la présidence. Pour le moment, le dossier n’est pas réglé.

La seconde pierre d’achoppement dans les négociations est le ministère de l’Action extérieure. ERC souhaiterait continuer à diriger ce département comme elle le fait depuis 2015. Carles Puigdemont est très intéressé pour qu’un de ses fidèles reprenne ce ministère afin de le connecter directement avec « le Conseil de la République » l’association privée de l’ancien président. D’ailleurs Puigdemont ambitionne que son « Conseil de la République » devienne une entité publique avec le financement qui va avec. Hors de question pour Esquerra qui ne souhaite pas donner encore plus de visibilité internationale à celui qui se définit comme le président légitime de la Catalogne depuis sa destitution forcée par l’Espagne en 2018 suite à la déclaration d’indépendance.

Justement, la suite du feuilleton indépendantiste est le troisième blocage dans les négociations. Junts Per Catalunya veut une confrontation, « intelligente » précise Puigdemont, avec l’Espagne tandis qu’ERC opte pour s’asseoir autour d’une table ronde avec Pedro Sanchez pour trouver une sortie de crise. Une nouvelle proposition de référendum pourrait s’inviter autour de cette table ronde afin d’unir les deux partis indépendantistes. Une demande déjà refusée par Madrid avant qu’elle ne soit officiellement proposée.

Les deux partis se disputent également la direction des médias publics de Catalogne (TV3 et Catalunya Radio) ainsi que les millions d’euros des campagnes des publicités institutionnelles injectées dans les médias catalans.

Ce qui est déjà acté

La gestion de la pandémie devrait continuer à être assurée par ERC qui souhaite reconduire Alba Vergès à la tête du ministère de la Santé. La gauche indépendantiste devrait également prendre les rênes du ministère de l’Intérieur qui pourrait être rebaptisé ministère de la Sécurité publique.

Sous la pression de la Cup, ERC envisage aussi de proposer la suspension de l’utilisation des lanceurs de balles de défense par les Mossos d’Esquadra. Un projet « scandaleux » pour l’opposition qui devra être validé par une commission, laquelle sera chargée de trouver un substitut légal au LBD.

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