Souvenirs d’enfance et roman noir : la chronique littéraire d’avril

Photos: Josep Miron

Tous les mois, la librairie française Jaimes nous recommande les dernières nouveautés, sous la plume du libraire Christian Vigne.

L’enfance n’en finit jamais de se remuer dans les cerveaux et les estomacs de tout un chacun. C’est sans doute un fait qu’on a mal d’y revenir. Ces souvenirs, ceux de l’enfance, sont les pires selon Barbara. Et bienheureux qui ne le sait pas.

Jean-Baptiste Andrea et Yasmina Khadra y reviennent dans leurs derniers romans.

Pour le premier, « Des diables et des saints », éd L’Iconoclaste, l’enfance marque le pas d’un homme de 69 ans, pianiste virtuose qui trimbale son infini talent dans les gares, les aéroports où quelques illuminés de la fonction publique ont eu l’idée miraculeuse d’installer un piano. Que fait Joe dans pareils endroits à probablement gâcher son génie ? C’est bien simple, il attend une femme dont il espère qu’elle le reconnaîtra en l’entendant. Pour comprendre il faut se transporter cinquante ans en arrière, dans un orphelinat sordide où la perte des parents engendre la double peine. Au déchirement de la perte, l’ajout de la maltraitance et de la cruauté mais aussi la nécessité de créer un espace de survie autour de la musique … et de Rose… qu’il attend.

librairie barcelonePour le second, nous faisons la connaissance d’Elena et Diego. « Pour l’amour d’Elena », éd Mialet Barrault, en est le titre. Elena et Diego s’aiment depuis toujours. Les amours de bac à sable ne sont pourtant pas exemptes de tragédie. La vie, dans un bled mexicain, pour tranquille et heureuse qu’elle s’annonce va pourtant se briser lorsqu’Elena est agressée sous les yeux de Diego. L’agression et brutale, sauvage, si violente que Diego se trouve paralysé, impuissant, condamné à n’en être que le spectateur. Elena s’enfuit. Diego doit chercher une possible réparation là où le conduisent les coupables de la rupture de sa vie, de leur vie.

LE ROMAN NOIR DU MOIS

Crime et délice, de Jonathan KELLERMAN

Visualisons si possible une table dressée pour deux personnes, des plats appétissants, belle nappe et tutti quanti et, à côté de cette table, une jeune femme ne contrariant pas l’esthétique globale de la scène. Encore qu’un regard un peu plus approfondi notamment sur son cou étranglé ou sur le reste de son corps qu’un couteau a lardé sans beaucoup de retenue obligerait sans doute à réviser les critères de l’esthétique précédemment évoquée.

Deuxième corps 15 jours après et deux jours plus tard, alors même que personne n’a préparé de dîner dans la famille Corey voilà t’y pas qu’une table est dressée laissant à penser que peut-être on serait en présence d’un tueur en série.

Le lieutenant Milo assisté d’Alex Delaware, psychiatre de son état, enquêtent, orientent leur suspicion sur le petit ami de la première victime, cuisinier de profession et désagréable par vocation. Mais trop évident, trop facile. De toute façon il a un alibi. Il faudra chercher ailleurs.

Nadège animera un club de lecture (JAIMELENOIR) autour de ce livre le 29 avril à 12h et à 19h.

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