« Embauché en télétravail à Barcelone, je n’ai jamais vu mes collègues »

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En mars 2020, le confinement a précipité de nombreuses entreprises barcelonaises à passer en télétravail. Les nouveaux employés de ces boîtes n’ont parfois jamais rencontré leurs collègues ou visité les bureaux de leur société. Comment le vivent-ils ? Comment se passe leur intégration ? Equinox a rencontré des Barcelonais qui ont vécu une embauche à distance. 

« J’ai signé mon contrat au tout début de la pandémie, et depuis, je côtoie mes collègues seulement virtuellement » raconte Lucie*, 24 ans. Elle a été embauchée il y a un an dans entreprise de rédaction web. Tout comme elle, des milliers d’Espagnols ont eu la chance de trouver un nouvel emploi en pleine crise de Covid-19. Néanmoins, les conditions particulières les ont contraints à débuter leur travail à distance.

Entretien d’embauche en visio, rencontre en ligne avec son équipe et sa direction, pause café virtuelle, ce mode de travail peut compliquer l’intégration des nouveaux salariés ou à l’opposé être rassurant. « Dès le départ, j’avais demandé de travailler à distance, mais c’était impossible. La pandémie m’a alors rendu service, témoigne la jeune Française. Comme je vis près de la mer, à Barcelone, et que mon appartement est lumineux, cela rend mes journées agréables. »

Pour les entreprises, veiller au succès de ces conditions de travail est primordial. Arnaud, 34 ans et directeur d’une grande entreprise française installée à Barcelone, explique que, selon ses retours, l’ensemble des nouvelles recrues de la société est globalement satisfait de la situation. Et pour s’en assurer, l’entreprise a pris les choses au sérieux et mis en place des activités dans l’optique de créer du lien entre collègues.

Le bien-être des nouveaux employés, priorité des entreprises

Une fois recrutés par le site de l’entreprise, les salariés ont reçu leurs outils de travail (téléphone, ordinateur) par des coursiers. Dès lors, une formation en ligne d’un mois a débuté pour se familiariser avec l’esprit de la boîte, mais aussi créer une certaine proximité avec leurs coéquipiers. « Nous avons un processus de formation qui est totalement focalisé sur le bien-être de nos nouveaux employés, se félicite le directeur. Ils côtoient chaque jour leur manager et leurs collègues. Leur intégration se fait donc progressivement tout au long de leur premier mois. »

Dans sa boite qui gère des réservations de restaurants, Lucie voit les choses de manière un peu plus compliquée. « Au début de mon contrat, l’intégration n’était pas simple, car tout le monde se connaissait et était soudé. La distance ne facilitait pas mon intégration. Heureusement, la manager essaie vraiment d’entretenir le lien en organisant chaque semaine une réunion. De même pour la RH, après 6 mois de travail, elle m’a contactée pour savoir si tout allait bien. Le suivi est correct. »

Pour renforcer le bien-être psychologique des embauchés à distance, l’entreprise a également mis en place une série d’initiatives. Ainsi, pour remplacer la traditionnelle discussion à la machine à café ou l’apéritif de 19 heures dans le bar du coin, la société a imaginé le coffee break. « C’est un apéritif virtuel qui a lieu en fin de journée, décrit Arnaud, tout le monde peut se connecter pour retrouver ses collègues autour d’un café et créer un lien avec le reste de la boîte. » L’entreprise a également fait appel à un coach sportif qui organise des séances en ligne. « Là aussi, les volontaires se connectent pour faire du sport avec leurs collègues. Les activités sont très appréciées par les employés, aussi bien par les nouveaux que par les anciens. » 

Débuts compliqués

Pour d’autres, débuter un nouvel emploi en télétravail a été plus difficile. C’est le cas de Damien*. Peu de temps avant la pandémie, le Français expatrié à Barcelone travaillait dans un centre d’appels, mais son contrat s’est terminé. Il a retrouvé du travail en plein confinement, dans un autre call center. Mais rapidement, le télétravail et le manque de contact avec son équipe deviennent éprouvants. « J’ai eu une formation théorique de plusieurs semaines, puis j’ai commencé à travailler, seul depuis chez moi. Sans collègue ni manager à côté pour poser des questions, et avec les clients qui attendaient mes réponses au téléphone, j’ai vite été largué » se remémore Damien.

Autre difficulté, la charge intellectuelle de ce poste et le temps passé devant les écrans. Damien explique avoir été épuisé par ces premiers mois de travail. « J’ai passé plusieurs jours sans ordinateur ni téléphone pour déconnecter. Je regardais mon portable juste 10 minutes par jour pour donner de mes nouvelles à mes proches » raconte-t-il. Toutefois, malgré des débuts en télétravail chaotiques, le Français de 37 ans a fini par s’adapter à ce mode de travail particulier, qui n’est pas prêt de s’interrompre au vu de l’évolution de la pandémie.

L’Espagne et en particulier la Catalogne continuent de recommander le travail à distance quand il est possible. Selon l’Institut national de statistiques (INE), la pandémie a poussé un million d’Espagnols à adopter le télétravail en 2020.

 

* Le prénom a été modifié car l’interlocuteur souhaite rester anonyme.

 

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