Fin de l’amour, désillusion et truands corses : la chronique littéraire de mai

Photos : Josep Miron

Tous les mois, la librairie française Jaimes nous recommande les dernières nouveautés, sous la plume du libraire Christian Vigne.

FIN DE L’AMOUR

Parmi les nombreuses, inutiles voire nuisibles inventions que ce siècle peut ou pourrait produire, imaginons la création d’un logiciel capable de déterminer la date exacte de la fin de l’amour.

Entendons bien qu’il s’agit, dès son commencement, de connaître la date de la fin de l’histoire et non pas d’essayer de se rappeler la date de la séparation avec tel ou telle dont on a le vague souvenir que ce fut en 1997, le jour de Noël, à moins que ce ne fût à la Pâques, mais non, qu’est-ce que tu racontes c’était le 14 juillet, et 96, pas 97. (Que celui ou celle qui n’a jamais eu ce type de conversation me jette la première pierre). Salomé BAUDINO, dans « Le syndrome des cœurs brisés », éd de l’Observatoire, nous fait donc partager les derniers jours de ce couple qui a eu recours à pareille invention car à partir de l’annonce de la fin on entre nécessairement dans les derniers jours. En l’espèce ? Deux mois, pile poil. Et alors, qu’est-ce qu’on fait ? Telle est la question. Premier roman d’une jeune auteure de 25 ans au style déconcertant.

DÉSILLUSION

Alexis LE ROSSIGNOL, signe chez PLON « les voies parallèles ». Retour aux années 2000, dans une France rurale où Antonin passe le plus clair de son temps à tenir à bout de bras sa mob sur la selle de laquelle il est assis. Il a des rêves de grandeur un peu fous, Antonin. Enfin c’est ce qu’il croit, ils sont bien raisonnables en réalité. Seulement, à ne pas le savoir, Antonin passera nécessairement à côté. Si j’avais oublié combien ces années 2000 étaient ennuyeuses, vides de promesses, des années Chirac en somme, voilà que me le rappelle ce roman comme me l’avait rappelé « Leurs enfants après eux », la morne plaine de la République monotone.

Premier roman aussi pour Alexis Le Rossignol.

livres en français ROMAN NOIR

Mohamed Cherkaoui a dessoudé femme et enfant d’une décharge de chevrotine avant de retourner l’arme contre lui. Le dossier est confié à un capitaine de police anti-héros à qui on n’a pas même jugé utile de donner un nom. Vous voyez bien le genre ; écœuré par le système, rejeté par ses pairs et placardisé au Bureau des homicides simples.

Évident pour tout le monde que Cherkaoui est l’auteur des coups de feu. Trop évident pour le capitaine. Et tant mieux, sinon il faudrait bien s’en tenir là, vous avouerez que ce serait court. Un de mes amis prétendait que sans la trahison de Judas, point de christianisme et que par ailleurs, il voyait mal le fils de Dieu se faire caver par le premier venu mais enfin qu’il fallait bien une introduction à une œuvre. Mais, revenons en Corse. Parce que, oui, on est en Corse, délestée de ses clichés, une île hors saison, Bastia et ses quartiers périphériques. Une Corse grignotée par des promoteurs immobiliers insatiables, dans une collusion entre affairistes, truands et fonctionnaires corrompus et une République de magistrats carriéristes, des sous-préfets véreux et de flics qui n’hésitent pas à passer du côté obscur. MALAMORTE, Antoine ALBERTINI, éd de poche.

Nadège qui animera le Club du Noir autour de ce livre le 27 juin parle du réalisme désabusé, d’une intrigue pesante et cocasse.

 


A revoir : l’interview de l’auteur George Gay sur Equinox

L’acteur français George Gay raconte dans son livre « J’irai vers mon bonheur » (éditions Equateurs) sa descente aux enfers en raison d’une addiction à la cocaïne et de sa rédemption à Barcelone. Georges Gay vit depuis une dizaine d’années dans le quartier de la Barceloneta et s’est confié au micro d’Equinox :

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