Barcelone : « Je ne supporte plus le bruit de la ville depuis le confinement »

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À Barcelone, la forte circulation des véhicules entraîne une pollution sonore conséquente. Nombreux sont les riverains à se plaindre de ces nuisances, et pour certains, le désir de vivre à la campagne s’accroît. Témoignages.  

« Le bruit des motos et des voitures est devenu insupportable » soupire Cyril, 40 ans, résidant près de la Sagrada Familia. Certes invisible, la pollution sonore gangrène les villes et met les nerfs des habitants de celles-ci à rude épreuve. Barcelone n’y échappe pas. Selon l’annuaire de la pollution de l’association Contaminació Barcelona, 55 % des Barcelonais vivent dans des zones où les niveaux de bruit dépassent les recommandations de l’OMS en journée (65 décibels) et 57 % la nuit (55 décibels).

À Barcelone, les grands axes voient passer un important nombre de véhicules. Par exemple, d’après les chiffres d’Eixample Respira, association de quartier, 85.635 voitures par jour affluent sur la Carrer Aragó, qui comportent 6 voies. Une circulation dense et quotidienne qui explique le ras-le-bol des riverains.

Saturation sonore après le déconfinement

Pour certains habitants de Barcelone, le premier confinement a été un déclic. L’arrêt forcé des activités humaines a laissé place au calme en centre-ville : « En mars 2020, les motos et voitures ne circulaient plus. Le matin, tu étais réveillé par le chant des oiseaux, comme à la campagne » se remémore Cyril, Français originaire de Béziers. Un cadre champêtre de courte durée. Lors du confinement périmétrique survenu en octobre 2020, la circulation reprenait de plus belle, mais il était alors proscrit de quitter la capitale catalane, de rejoindre les plages ou la montagne. « Je me suis retrouvé enfermé à Barcelone, avec le bruit des motos que je ne supportais plus du tout, raconte le Biterrois, il engendre chez moi du stress, des insomnies et des contractions musculaires. Je suis d’ailleurs une thérapie auprès d’une psychologue pour apprendre à supporter ces nuisances. » 

Dans le quartier de Sant Antoni, Valérie, barcelonaise depuis 10 ans, a également vu sa tolérance envers la pollution sonore baisser drastiquement lors du confinement. « Avec la Covid, tous les bruits de mon quartier me rappelaient le stress envahissant de la pandémie : le son des ambulances, le brouhaha des télévisons du voisinage bloquées sur les chaînes infos, même les applaudissements à 20 h en soutien au corps médical m’étaient insupportables » confie-t-elle. Pourtant, avant son arrivée dans la capitale catalane, le bruit était loin d’être un soucis. « Ma famille est mélomane, j’adore écouter la musique à fond et j’ai travaillé dans une discothèque. À l’époque, le bruit représentait pour moi la vie. Désormais, poursuit-elle, la vie, c’est le silence ponctué par les sons de la nature. » La trentenaire ne cache pas son désir de quitter la vie citadine. « L’âge y est sûrement pour quelque chose, mais j’aimerais partir le plus vite possible à la campagne ou à la montagne. »

Impuissance de la mairie de Barcelone

Bien que les voitures et les motos ne représentent que 24 % des déplacements à Barcelone, elles constituent la principale source de pollution sonore. Le collectif Eixample Respira se mobilise pour lutter contre ce danger invisible. « Nous menons des actions pour sensibiliser les Barcelonais au sujet des nuisances sonores mais aussi de la pollution engendrée par les véhicules » explique Guille Lopez de l’association Eixample Respira. Des actions qui se traduisent par des coupures des grands axes, comme la Carrer Aragó en mai 2021.

« Nous aimerions que la marie agissent plus contre ce mal qui nuit au bien-être des Barcelonais, mais leur marge de manoeuvre est trop restreinte et les lobbys ont de l’influence » déplore Guille Lopez. Effectivement, lors du premier déconfinement en mai 2020, les pistes cyclables se sont multipliées à Barcelone. La Via Laietana, les routes de Montjuic, la rue Gran de Gracia, la Rambla de Sant Andreu et le Passeig Sant Joan sont devenues piétonnes tous les week-ends. Or, les lobbys ont contraint la mairie à faire marche arrière. Pour Guille Lopez, « Barcelone doit vraiment prendre au sérieux la pollution sonore au même titre que la pollution de l’air pour prendre des mesures fortes ».

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