« Barcelone ne serait pas Barcelone sans les jeux Olympiques »

medecin français à Barcelone

Près de 30 ans après la célébration des jeux à Barcelone, l’héritage olympique reste étroitement mêlé à son destin de capitale touristique.

Photos: Clémentine Laurent/Equinox

Il est des images plus puissantes que les mots, des clichés qui se gravent dans la mémoire collective. Celles des plongeons aux JO de 1992 depuis la piscine de Montjuic, avec une vue panoramique sur la ville, ont sans doute scellé l’avenir de Barcelone. « Cette image a été parfaitement calculée par les organisateurs et la NBC, qui ont fait ébouler un mur de la piscine et ont trouvé l’endroit parfait pour y mettre photographes et caméras, raconte Emilio Fernandez Peña, directeur du centre d’études olympiques de l’Université autonome de Barcelone, elle a largement contribué à faire de Barcelone une ville mondialement connue et une nouvelle destination touristique ».

© Club Natació Barcelona

Car si les JO ont profondément amélioré les infrastructures de la ville, ils l’ont aussi propulsée dans les destinations mondiales les plus prisées. Depuis 1992, le nombre de touristes a été multiplié par sept et l’offre hôtelière par quatre. « Barcelone ne serait pas celle que nous connaissons actuellement sans les jeux Olympiques, assure Emilio Fernandez Peña, cet événement a entraîné des changements astronomiques tant pour la vie quotidienne des habitants que pour son image internationale ».

Avec 28 millions de visiteurs annuels juste avant la pandémie, le tourisme génère directement 12 % du PIB de la ville et 10 % de ses emplois. Bien plus indirectement, avec tous les secteurs dépendant aussi de l’activité touristique. Pour l’universitaire, cette croissance exponentielle a permis « d’améliorer le niveau de vie des habitants ».

Une croissance touristique infernale

Il faut reconnaître que Barcelone avait bien fait les choses : un dossier olympique très bien pensé, avec des choix d’investissements qui permettraient à la ville de faire un bond dans la modernité et lui donneraient une image attrayante. Résultat : les touristes ont commencé à affluer, un peu plus chaque année, jusqu’aux excès des années 2010 où les visiteurs sont devenus si nombreux que certains quartiers s’en voyaient saturés. Pire, les investisseurs se sont mis à expulser les habitants du centre-ville, via diverses manœuvres, pour installer des appartements touristiques, bien plus lucratifs.

Le manque de planification touristique durant les deux décennies qui suivirent les jeux a précipité la ville dans son propre piège. « Pour le centre-ville, il n’y a plus vraiment d’espoir, il aurait fallu y penser avant, estime Andrés Antebi de l’Observatoire de la vie quotidienne de Barcelone, 1992 a marqué le point de départ du secteur touristique local et désormais il n’existe presque plus de vie de quartier dans la vieille ville« .

La municipalité, dirigée par la gauche radicale En Comú Podem de la maire Ada Colau et les socialistes, assure vouloir trouver un modèle touristique « responsable » pour inverser la tendance. Elle s’est résolue l’hiver dernier à tourner une première page des Olympiades : les concessions octroyées aux bars et restaurants de la Vila Olimpica n’ont pas été renouvelées. Les établissements, souvent pointés du doigt pour encourager le tapage nocturne des touristes éméchés, ont dû quitter les lieux. L’espace proposera bientôt activités nautiques et familiales, la zone olympique espérant ainsi reconquérir le cœur des Barcelonais.

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