Victòria Alsina : « Ce n’est pas un hasard si j’ai choisi la France comme première destination »

Victòria Alsina Burgués

Tribune libre de Victòria Alsina Burgués, ministre catalane des affaires ėtrangėres.

Comme il ne pourrait en être autrement, cette semaine mon agenda a été marqué par la célébration de la Fête nationale de la Catalogne. En tant que ministre des Affaires étrangères, il est important pour moi que tous les étrangers vivant en Catalogne s’approprient cette journée et cela vous inclut également, Français, qui êtes la deuxième communauté européenne à Barcelone et la troisième en Catalogne. C’est pourquoi je m’adresse à vous aujourd’hui. 

En effet, lundi j’ai pu assister au premier événement organisé par les délégations à l’étranger qui s’est tenu à l’Atelier des Lumières à Paris lors de mon premier déplacement officiel en tant qu’élue. Après une journée entière de rencontres intenses avec des représentants de diverses organisations, telles que le gouvernement français, la région Ile de France, la Mairie de Paris, l’OCDE et l’Unesco, les amis français et catalans se sont retrouvés dans cet espace unique qui accueille actuellement une exposition consacrée à l’œuvre de deux génies catalans : Dalí et Gaudí.

Ce n’est pas un hasard si j’ai choisi la France comme première destination. Nous avons de nombreux liens historiques, économiques, culturels, linguistiques, sentimentaux et désormais aussi sportifs avec votre pays, avec à l’arrivée de Lionel Messi au PSG ! 

De nombreux autres chiffres montrent l’importance de notre relation avec vous : la France est le premier partenaire commercial de la Catalogne, avec 700 filiales d’entreprises catalanes ; 25% des exportations catalanes vont vers la France ; la France est notre premier investisseur étranger ; et aussi le pays d’où l’on reçoit le plus de touristes (entre 4 et 5 millions avant la pandémie).

Comme vous pouvez l’imaginer, il était parfaitement logique de célébrer la première Diada à l’ėtranger à Paris, lors d’un événement où nous nous sommes souvemu d’où nous venions, avons honorė le passé et regardė l’avenir avec espoir.

Cette année nous dédions notre fête nationale à Pau Casals, afin de rendre hommage à ce musicien catalan universel de génie. Nous commémorons le 50ème anniversaire de l’hymne interprété par Casals au siège des Nations Unies, ainsi que son fameux discours « I am a Catalan » devant les membres de l’Assemblée Générale, à l’occasion duquel il a reçu la Médaille de la paix des Nations Unies pour ses efforts en faveur de la paix et la liberté. 

Casals a vécu à Prades, en France, pendant une partie de son exil. Et il ne fut pas le seul. De nombreux Cafalans traversèrent la frontière pendant cette sombre période afin de trouver la liberté qu’ils avaient perdu chez eux. Malheureusement, cette réalité fait écho à notre présent depuis que des responsables politiques catalans se trouvent en exil, une situation qui doit être résolue au plus vite.

Casals fût un homme de paix. Il répétait souvent « Mon arc et mon violoncelle sont mes seules armes ». Nous, les Catalans, sommes hommes et femmes de paix, toujours ouverts au dialogue. Nous n’avons jamais abandonné une table de négociation et nous nous sommes engagés à résoudre cette situation politique en tenant compte des demandes légitimes des citoyens catalans. Néanmoins, nous avons aussi besoin de propositions concrètes de la part du gouvernement espagnol. 

Aujourd’hui nous n’avons, heureusement, plus de prisonniers politiques catalans, mais il reste encore beaucoup à faire. Leur libération, leur liberté, n’a été qu’une des recommandations du Conseil de l’Europe approuvée en juin. Il y avait d’autres recommandations qui n’ont pas été suivies.

En France, un pays où les droits fondamentaux et la démocratie ont une grande valeur, il est habituel de comprendre les revendications démocratiques de l’Écosse et la particularité de territoires comme le Québec ou la Nouvelle Calédonie.

La France a profondément influencé de nombreux Catalans, tels que Casals, Dalí et Gaudí. Aujourd’hui, nous œuvrons pour continuer à compter sur la France comme pays allié avec lequel construire ensemble une Europe inclusive, avec une Union européenne démocratique et centrée sur l’amélioration de la qualité de vie des citoyens.

Au nom du Gouvernement de Catalogne, je vous souhaite une très bonne fête nationale en Catalogne, amis français et amis du monde entier! 

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