Les entreprises de livraison express s’installent à Barcelone. Entre applaudissements et critiques.
Rentrer chez soi sans faire les courses, commander une baguette de pain avant de prendre sa douche et la récupérer en peignoir, c’est désormais possible à Barcelone. Le confinement est passé par là et les entreprises de livraisons express poussent comme des champignons sur le bitume des grandes villes.
Des boites comme Getir ou Gorillas, après des expériences concluantes à Paris ou à Berlin, proposent désormais leurs services dans la capitale catalane. Le concept est de proposer une livraison en 10 minutes chrono. Getir débarque dans le quartier barcelonais de Les Corts dans une ambiance de défiance riveraine.
Après avoir sélectionné les quartiers avec des études de marché pour trouver leurs clients-cibles, ces boites recherchent des entrepôts qui sont dans un rayon de livraison de dix minutes. Getir ou Gorillas s’installent dans des bâtiments vides, anciens bureaux ou boutiques pour ouvrir un « supermarché fantôme ». S’il y a bien tous les produits comme dans le magasin, seuls les employés sont autorisés à y entrer pour partir ensuite en livraison. Des allers-retours qui mettent sur les nerfs le voisinage.
Pétitions contre l’installation
Aux Corts, l’entrepôt de Getir est situé dans une paisible rue piétonne. Selon les riverains, ce ne sont pas moins de 1.500 livraisons quotidiennes qui rythment le local. Les livreurs, pris dans une course contre la montre, enfourchent leur bicyclette, sous les yeux craintifs des voisins inquiets pour la sécurité des enfants et des personnes âgées. Une pétition des riverains ornée de 600 signatures circule dans le quartier contre la présence de Getir.
Les critiques ne font toutefois pas trembler la direction de la boite qui rappelle que la mairie a inspecté les lieux et a délivré une certification favorable. « Nos locaux sont parfaitement insonorisé pour éviter de déranger les riverains » se défend Gabriel De La Rosa porte-parole de Gorrilas. Quant à Getir, l’entreprise, d’origine turque, met également en avant sa politique sociale. Les livreurs ne traînent pas dans la rue comme ceux de Glovo, se targuent les ressources humaines de Getir. Ces derniers reçoivent un équipement de sécurité, un uniforme et une bicyclette. Hors de question, si l’on en croit la start-up, d’exploiter les livreurs qui peuvent bénéficier de CDI.
La fin du commerce de proximité
Une autre crainte est celle de « tuer » la vie de quartier. Car Getir et Gorillas sont des cannibales. L’appli livre de la baguette de pain à la parapharmacie en passant par les produits de nettoyage et bien sûr l’alimentation. Cependant, sur l’appli, il y a moins de choix que dans les magasins de proximité. Getir et Gorillas « ciblent » les produits essentiels qui sont les plus demandés par les consommateurs. « On travaille avec des entreprises espagnoles » plaide Gorillas. D’un quartier à l’autre, les propositions peuvent varier. Par exemple, en France, il y a des stock de bières dans les entrepôts de Lille mais des bouteilles de champagne au frais dans le XVIe à Paris.
A Barcelone, pour le moment, ce sont uniquement les quartiers les plus résidentiels qui sont visés. Si Getir opère dans les Corts, Gorillas se déploie sur la gauche et la droite de l’Eixample, ainsi que dans la zone de Gràcia oú la densité est très forte.