Héros, peines de cœur et meurtre à la plantation : la chronique littéraire de novembre

Tous les premiers week-ends du mois, le libraire Christian Vigne nous livre sa sélection de nouveautés. Des ouvrages à retrouver à Jaimes, la librairie française de Barcelone (Carrer de València, 318). 

Denis MUKWEGE est ce médecin congolais spécialiste en gynécologie-obstétrique qui fonde en 1999 l’hôpital de Panzi entièrement dédié aux femmes et notamment à la reconstruction post viol. Il est aussi et surtout cet homme qui, voyant arriver dans son hôpital les traumatismes inimaginables dont les victimes sont parfois des bébés décide que si solution il y a, elle ne se trouvera pas dans un bloc opératoire mais viendra de la parole portée au monde.
« Chaque femme violée, je l’identifie à ma femme
Chaque mère violée, je l’identifie à ma mère
Chaque enfant violé, je l’identifie à mes enfants. »
Déclare-t-il à la tribune du parlement européen dans un silence qui dit long de sa force. L’homme impressionne, impose l’admiration. La puissance de sa voix est égale à celle de la résistance de l’homme qui se lève face au monde entier.
Denis MUKWEGE nous livre chez Gallimard « LA FORCE DES FEMMES », un récit de son engagement et de ce combat qui l’ont conduit à recevoir le prix Nobel de la paix.

Voici que les éditions Flammarion nous proposent « La toute petite reine », d’Agnès LEDIG en nous promettant sur un bandeau une réitération d’enchantement – ce qui suppose que pareil envoûtement ait chu sur les lecteurs de ses précédents ouvrages. Cette valise abandonnée dans une gare – en période si tendue, je vous demande un peu- a finalement été récupérée par Capucine qui l’y avait oubliée. S’est donc évacuée la suspicion pour laquelle Adrien, maître-chien, est intervenu. Bloom, le clébard renifleur, avait bien senti que si bombe il y avait, elle exploserait plus sûrement dans le cœur de Capucine que dans la salle des pas perdus de la gare. Et nous nous en sommes tenus là jusqu’à ce qu’Adrien et Capucine se retrouvent fortuitement dans la salle d’attente d’un psychiatre – ça ne peut pas faire de mal. On le sait bien, ce qu’on dépose chez le psychiatre ce sont les méandres douloureux d’un passé en espoir de digestion. Régler le passé pour envisager l’avenir, en somme. Et voici ce dont il s’agit, la rencontre leur permettra, peut-être – il ne manquerait plus qu’on vous dise tout – de concevoir l’avenir comme une perspective.

Nous sommes en 2009, Caren Gray, descendante d’esclaves attachés à la plantation “Belle Vie” y revient afin de gérer le domaine devenu une attraction culturelle et le gagne-pain de la famille Clancy. Un matin elle trouve le corps sans vie d’une immigrée clandestine employée dans les champs de canne à sucre loués par une grande entreprise sucrière. Alors que la police cherche le coupable idéal, Caren soulève peu à peu un voile derrière lequel se bousculent beaucoup de souvenirs enfouis et une histoire beaucoup moins lisse que celle que présente la troupe d’acteurs de la plantation dans son spectacle destiné aux touristes et dans lequel les bons propriétaires blancs paternalistes et protecteurs veillaient sur des esclaves Noris, dociles, serviables et heureux.

Dernière récolte – Attica Locke est le roman qui fera l’objet du prochain JAIMELENOIR, informations sur www.jaimes.cat

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