Netflix, nouveau champ de bataille des indépendantistes catalans

netflix catalan

Le gouvernement indépendantiste n’arrivera probablement pas à imposer un quota en catalan sur les plateformes de streaming. Explications.  

Ils voulaient leur terre souveraine, ils devront se contenter d’une bande passante sur Netflix. Le gouvernement indépendantiste bataille avec le gouvernement de Madrid pour obliger les géants du streaming à proposer 6% de leur catalogue en langue catalane. On parle ici de sous-titrage ou de doublage d’œuvres en catalan, pas de productions locales. Si le séparatisme le plus musclé, réuni autour de l’ancien président Puigdemont, trouve le combat grotesque, la gauche indépendantiste (ERC) qui occupe la présidence de la Catalogne en fait un casus belli.

En minorité au parlement national, le gouvernement espagnol a dû négocier les votes favorables des députés d’ERC pour commencer l’examen des budgets 2022 de l’État espagnol. ERC, dont le talent de négociation semble connaitre certaines limites, avait « échangé » son soutien aux comptes publics contre les fameux 6% de catalan dans la loi audiovisuelle actuellement examinée au parlement.

Comme souvent, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a le plus grand mal à respecter ses accords avec l’indépendantisme catalan. Une fois de plus, une partie de l’intelligentsia madrilène, les médias conservateurs et l’opposition se sont levés contre le gouvernement critiquant le « sacrifice » de la langue espagnole qui serait en voie de disparition en Catalogne.

L’imposition du catalan uniquement pour les plateformes espagnoles

Frileux, Pedro Sanchez a fait une manoeuvre lors du Conseil des ministres de cette semaine : le 6% d’imposition du catalan ne concernera finalement que les plateformes de streaming espagnoles. Autrement dit les mastodontes Netflix, HBO, Amazon Prime Vidéo ou Apple TV ne seront pas concernés par la loi. Le gouvernement espagnol se retranche derrière la commission européenne dont les normes interdiraient de dicter des règles aux plateformes internationales. Une poignée de diffuseurs seraient donc impactés par la loi. Dont la plateforme nationale Movistar qui, en qualité d’ancien opérateur historique, offre déjà le sous-titrage en catalan depuis des années.

S’apercevant qu’ils se sont fait floués, les leaders d’ERC enragent et menacent de voter contre la loi audiovisuelle et de retirer leur soutien de manière globale au gouvernement de Pedro Sanchez.

Pour tenter de cicatriser les blessures de la déclaration d’indépendance de 2017, ERC a mis sur pied une politique de dialogue et négociation avec Madrid. Avec des hauts et des bas au niveau des résultats. La Catalogne a obtenu des investissements financiers records lors du fameux budget. Sur le plan politique et identitaire en revanche, les choses sont plus compliquées. Il n’y aura pas de référendum autorisé sur la question indépendantiste comme le voulait ERC. Et le thème sensible de la langue est une suite de déconvenues pour la Generalitat. En plus de l' »affaire Netflix », la semaine dernière le Tribunal Suprême a rendu un verdict obligeant les écoles publiques catalanes à instaurer un quota de 25% des cours en langue espagnole.

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« On vous avait prévenus de pas négocier avec l’Espagne » rappelle la frange dure de l’indépendantisme au président catalan Pere Aragonès.

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